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Une inflation contenue en France
En France, l’inflation se sera presque systématiquement établie à proximité de la barre des 1 % en glissement sur douze mois tout au long de 2025, imprimant ainsi ce même rythme en moyenne annuelle. À la décimale près, c’est un résultat semblable à celui qui avait été enregistré chaque exercice lors de la décennie précédant la crise sanitaire.
Une avance des prix toujours au-delà de 2 % pour les services mais repli pour l’énergie
Comme à chaque fois en septembre, l’indice général des prix non corrigé des variations saisonnières mesuré par l’Insee a diminué le mois dernier en France (- 1,1 % par rapport à août selon une première estimation), conséquence notamment de la décrue des tarifs de certains services comme les transports et l’hôtellerie au sortir de la période des congés d’été.
Le glissement annuel – c’est-à-dire l’évolution de ce même indice entre septembre 2024 et septembre 2025 – est toutefois ressorti à + 1,2 % après une moyenne de + 0,9 % chaque mois depuis février, résultat « d’une baisse beaucoup moins soutenue des prix des services de communication » (en août, dernier point connu, le glissement des prix des services de téléphonie mobile était encore de – 17 %, résultat d’une concurrence acharnée entre opérateurs ces toutes dernières années), et « d’une accélération pour les services de santé ». Au total, l’évolution sur douze mois des prix des services (qui représentent plus de la moitié du panier moyen des ménages) a atteint 2,4 % en septembre.
Les prix de l’énergie poursuivent leur repli amorcé au début 2025 (- 4,5 % sur un an en septembre), conséquence de la diminution des tarifs réglementés de l’électricité appliquée au 1er février ; ceux des carburants routiers, eux, évoluent à la marge depuis quelques mois, demeurant proches du seuil de 1,7 € TTC par litre pour le sans plomb 95, d’après les relevés du ministère de la Transition écologique. La contraction des prix de l’énergie se prolongerait d’ici la fin 2025 au moins anticipait il y a peu l’Insee. Une hypothèse qui repose sur une stagnation des cours du Brent autour de son niveau actuel (soit 65 $ par baril) dans un contexte, de surcroît, où l’€ s’est sensiblement apprécié face au $.
Les prix de l’alimentation ont grimpé de 1,7 % en glissement annuel en septembre, rythme équivalent à celui constaté les deux mois précédents. L’avance des seuls prix alimentaires hors boissons est limitée à 1 % (chiffre d’août à ce niveau de détail), moyenne comportant des variations très hétérogènes selon les produits : par exemple + 15 % pour le chocolat en répercussion de la flambée passée des cours mondiaux du cacao, + 4 % pour les fruits, + 1,3 % pour la viande, + 0,8 % pour le pain, – 3,5 % pour les pâtes alimentaires et – 10 % pour les pommes de terre compte tenu d’une récolte importante dans l’Hexagone. Pour les boissons, il faut distinguer les alcoolisées et celles qui ne le sont pas : les premières affichent des tarifs en moyenne identiques à ceux d’août 2024 tandis que les secondes s’inscrivent en hausse supérieure à 9 %, tirée par le café (+ 17 % sur un an en raison notamment de conditions climatiques défavorables en 2024 chez les principaux producteurs comme le Brésil) et les boissons rafraichissantes (quasiment + 10 %, pour partie suite à la réforme de la taxe soda début mars).
Le niveau des prix du tabac se situe 4 % au-dessus de celui constaté à l’été 2024 ; le prix moyen du paquet de cigarettes de la marque la plus vendue ressortira à proximité de 13 € en 2025 contre 10,5 € en 2022 et 7,1 € en 2017 (source : direction générale des douanes).
Enfin, les prix des biens manufacturés impriment de nouveau un léger recul (- 0,4 % sur un an), à l’image des jouets, des appareils ménagers et plus encore des produits de santé et du matériel audiovisuel, tandis que ceux pour les articles d’habillement et les véhicules automobiles connaissent une légère progression.
+ 1 ou 1,1 % en moyenne annuelle 2025 et + 1,5 % en 2026
En supposant comme le fait l’Insee dans sa note de conjoncture parue fin septembre que l’inflation prolonge sa tendance des derniers mois, celle-ci ressortirait à 1 % en moyenne annuelle 2025, c’est-à-dire très légèrement en deçà du chiffre arrêté par le Consensus de la vingtaine d’économistes interrogée quelques jours avant (dont Rexecode, le Crédit Agricole, l’OFCE) : + 1,1 %. Pour 2026, ce dernier anticipe + 1,5 %, prévision qui n’a pas varié depuis le mois de juin ; quatre économistes attendent 1,7 % ou plus, la très grande majorité optant pour un résultat de 1,3 ou 1,4 %.
Les comparaisons européennes obligent à retenir l’indice des prix à la consommation « harmonisé ». Celui-ci diffère quelque peu de l’indice général des prix « national » tel que communiqué en une sur le site de l’Insee essentiellement par le périmètre du poste des services de santé (prix « nets » de remboursement des pouvoirs publics pour le premier indice et « bruts » pour le second). Entre 2019 et 2025, l’indice calculé pour la France aura probablement grimpé de 18,7 %, soit 4 points de moins que l’indice calculé pour la zone euro, à la fois en raison du bouclier énergétique mis en place dès 2022 dans notre pays, mais aussi d’une inflation deux fois moindre cette année que celle retenue chez nos voisins d’après le scénario de la Banque centrale européenne.
Depuis l’an dernier, la hausse nominale des rémunérations se montre plus rapide que celle des prix, mouvement qui vaut aussi pour 2025 puisque le salaire mensuel de base dans le privé tel que diffusé chaque trimestre par la Dares progresserait de l’ordre de 2 % en moyenne annuelle dans l’Hexagone. Au final, le retard pris sur l’inflation en 2022-2023 est à présent comblé.
Chiffres clés :
- +1,2 % : variation de l’indice général des prix à la consommation en glissement annuel en septembre 2025
- +1,1 % : variation de l’indice général des prix à la consommation en moyenne annuelle 2025 (prévision Consensus)
- -1,9 % : variation des prix des services de transport en glissement annuel en août 2025
- +8,3 % : variation des prix des assurances en glissement annuel en août 2025
- 65,5 $ : cours moyen au comptant du baril de Brent le 7 octobre 2025
- -13,6 % : variation des prix de l’électricité en glissement annuel en août 2025
- +1,4 % : variation des prix de l’habillement en glissement annuel en août 2025
- +1,2 % : variation de l’inflation sous-jacente en août 2025
- +1,9 % : variation du salaire mensuel de base en moyenne annuelle 2025 (prévision Insee)
CONTACTS
Mathieu PERAUD
Délégué Général02 99 87 42 87