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Une croissance mondiale (un peu) moins vigoureuse

La croissance mondiale a fait mieux que résister l’an dernier, sous l’impulsion de la Chine d’une part (qui traverse pourtant une crise immobilière sévère) et des États-Unis de l’autre (au prix d’une politique budgétaire expansionniste). L’Europe échappe de peu à la récession, mais prend du retard…

L’action des banques centrales finit par affecter l’activité

Les effets du resserrement des politiques monétaires en réaction à l’apparition de pressions inflationnistes à partir de la seconde moitié de 2021 conduit à un ralentissement de l’activité. Celui-ci est toutefois plutôt modéré si l’on en croit les derniers chiffres retenus par l’OCDE : la croissance mondiale se serait établie à 2,9 % en 2023, après 3,3 % en 2022 (et 3,3 % l’an en moyenne également entre 2016 et 2019). En fait, le PIB aurait augmenté de seulement 1,7 % dans la zone OCDE, mais, de 4 % en dehors compte tenu notamment des résultats obtenus par les plus grandes économies asiatiques.

Redéploiement industriel en Chine

La Chine aura atteint la cible de croissance qu’elle s’était fixée, celle-ci franchissant la barre des 5 % en 2023 selon les chiffres officiels. Comme les exercices précédents, elle a contribué à hauteur de près de 30 % à l’expansion mondiale alors que le PIB chinois ne représente qu’environ 17 % du PIB mondial en $. À présent, les financements dédiés à l’immobilier via le crédit sont stabilisés au profit de l’industrie qui bénéficie d’une montée en puissance spectaculaire de certains secteurs, en particulier les puces électroniques, et, l’automobile (tirée notamment pas le boom de la production de véhicules électriques). L’excédent commercial de biens chinois demeure massif, atteignant 865 milliards de $ en 2023. En Inde, le PIB a grimpé de plus de 6 % en 2023 (après + 7,2 % en 2022 et + 9,1 % en 2021) grâce à une politique budgétaire d’ampleur, laquelle s’amplifierait en 2024 ; par ailleurs, depuis le déclenchement du conflit en Ukraine, les importations pétrolières d’Inde depuis la Russie ont gonflé, représentant à présent plus d’un tiers du total de ses achats de brut.

Bonne tenue de la demande interne aux États-Unis

L’économie américaine est restée dynamique l’an passé (+ 2,5 % pour le PIB), grâce au moteur de la demande domestique. La consommation des ménages a été stimulée par les créations d’emplois, ressorties à 225 000 par mois en moyenne, et, par l’avance des salaires nominaux. Le taux d’épargne est, lui, remonté depuis son plus bas historique de 2022 mais, à 4,6 % en moyenne annuelle, demeure très inférieur à ses niveaux enregistrés en 2018-2019 (près de 7 %). De surcroît, les dépenses d’investissement des entreprises restent très significatives : celles en construction réalisées par le secteur manufacturier ont atteint 210 milliards de $ en rythme annuel en novembre 2023 contre environ 110 milliards jusqu’à la mi-2022, c’est-à-dire avant la mise en œuvre de la loi IRA. La correction du marché immobilier liée à l’envolée des taux d’emprunt semble stoppée : selon les comptes nationaux, les investissements des ménages en logements ont quelque peu rebondi au troisième trimestre 2023, après une chute de plus de 20 % en volume en l’espace de 2 ans et demi.

Érosion de la demande en Europe, récession en Allemagne

Comme aux États-Unis, l’inflation a nettement décéléré au cours des derniers mois en zone euro, le rebond intervenu durant le seul mois de décembre ne remettant pas en cause le mouvement d’ensemble. En effet, le glissement annuel des prix excluant l’énergie et l’alimentation est retombé à 3,4 % fin 2023 contre 5,5 % en juillet, selon les chiffres communiqués par Eurostat ; cet indicateur sera particulièrement scruté par la Banque centrale européenne en 2024, son évolution dictant pour partie la conduite de la politique monétaire : dit autrement, une phase de réduction des taux directeurs pourrait s’amorcer pendant le second semestre. À ce stade, la progression de l’emploi se prolonge (+ 0,2 % en zone euro au troisième trimestre 2023), ce qui n’empêche pas le taux d’emplois vacants de refluer légèrement ; ce dernier reste néanmoins encore largement supérieur à ses niveaux pré-pandémie.

La conjoncture est par ailleurs marquée par un basculement des facteurs limitant l’activité : désormais, dans l’industrie, c’est clairement le manque de demande qui en est la cause, bien plus que des difficultés liées à l’offre, d’après les enquêtes diffusées par la Commission européenne. Dans le même sens, celles diffusées par la Banque de France témoignent d’une stabilisation des carnets de commandes à un niveau dégradé. Globalement, le volume de la production manufacturière plafonne dans l’Hexagone, la hausse sensible intervenue dans les entreprises productrices de matériels de transport et de biens d’équipement en 2023 se voyant compensée par un repli dans celles relevant du bois-papier, du caoutchouc, du verre, de la sidérurgie. Finalement, la croissance économique s’est très probablement établie à 0,8 %, soutenue principalement par les investissements productifs, et, une fois n’est pas coutume, par le commerce extérieur. À l’inverse, l’Allemagne a vu son PIB légèrement diminuer (- 0,2 %) en liaison avec le repli de la consommation des ménages, ce qui, hors période Covid, n’était plus arrivé depuis 2007.

Chiffres clés :

  • 2,7 % : variation sur 1 an du PIB mondial en 2024 (prévision OCDE)
  • 31 % : variation sur 1 an des crédits bancaires au secteur industriel en Chine au T3 2023 216 000 : variation sur 1 mois de l’emploi aux États-Unis en décembre 2023
  • 0,5 % : variation sur 1 an du PIB de la zone euro en 2023 6,4 % : taux de chômage en zone euro en novembre 2023
  • 8,8 % : variation sur 1 an des prix à la production dans l’industrie en zone euro en novembre 2023
  • 5,3 % : variation sur 1 an des coûts horaires de la main d’œuvre en zone euro au T3 2023
  • 9,5 % : variation sur 1 an de la production des branches les plus intensives en énergie en Allemagne en 2023 55 500 : défaillances d’entreprises en France en 2023
  • 0,6 % : variation sur 1 an de la consommation des ménages en France en 2023

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Délégué Général

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