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RETOUR DE LA CROISSANCE EN CHINE

La récession intervenue au début 2020 en Chine a été de courte durée. Elle a laissé place à un franc rebond, de sorte que le PIB a au final légèrement augmenté en moyenne annuelle. Celui-ci a coïncidé avec l’intensification du commerce international et la vive croissance des cours des matières premières (agricoles ou non). Le retour de l’épidémie au début 2021 ne semble pas contrarier l’économie chinoise, grâce notamment à la capacité d’adaptation de ses entreprises.

La course en tête

Selon les calculs du Bureau national des statistiques, le PIB chinois s’est raffermi d’un peu plus de 2 % en 2020. En temps normal, ce résultat s’apparenterait à une récession, mais, au vu du contexte sanitaire, il apparaît comme une performance remarquable. Celle-ci ne l’est toutefois pas complètement en comparaison à d’autres pays d’Asie où le confinement a également été de courte durée (Vietnam) voire inexistant (Taïwan) et où la richesse nationale s’est de même accrue. Dans ce contexte, le poids de la Chine se renforce, son PIB exprimé en parité de pouvoir d’achat dépassant désormais de 16 % celui des États-Unis (après l’avoir égalé en 2017) et de près de 25 % celui de l’Union européenne.

Un rapide redémarrage de l’activité industrielle…

L’apparition des premiers cas de Coronavirus fin 2019 a conduit à des confinements locaux en janvier 2020 (notamment dans la province du Hubei), de sorte que l’activité industrielle a plongé de 18 % en un mois à l’échelle de tout le territoire. La levée des contraintes fin mars a immédiatement donné lieu à un accroissement de l’activité, laquelle a retrouvé son niveau pré-crise dès avril, avant de progresser à un rythme régulier depuis lors. Le secteur de l’acier permet d’illustrer le propos : un nouveau record y a été établi l’an passé, après le franchissement du milliard de tonnes produit en 2019. Parallèlement les exportations de marchandises depuis la Chine ont également retrouvé une pente franchement ascendante, dépassant de 20 % leur niveau d’un an auparavant en décembre 2020. Elles ont il est vrai été stimulées par la demande mondiale de produits électroniques et informatiques (boom du commerce en ligne, télétravail) et de produits destinés à la lutte contre l’épidémie (masques). En conséquence, l’excédent de la balance commerciale a atteint 535 milliards de dollars en 2020, seconde meilleure performance historique. Sans retrouver l’équilibre, l’excédent des échanges de services s’est en même temps sensiblement réduit, les dépenses des touristes chinois à l’étranger étant bridées par les contraintes de déplacement, notamment aérien.

… qui contribue à la montée des cours des matières premières

L’amélioration de la conjoncture en Chine stimule la demande de matières premières, notamment celle de métaux, qui aurait connu une hausse à deux chiffres l’an passé pour l’aluminium comme pour le cuivre, indique l’institut Oxford Economics. Leurs cours cotés au LME ont respectivement grimpé de 21 % et 31 % entre début octobre 2020 et mi-février 2021. Les prix du minerai de fer inscrivent, eux, un plus haut depuis 2011. Le renchérissement des coûts pour les entreprises, notamment installées en Europe, devient plus général ces dernières semaines, comme en témoigne le boom des prix du fret maritime au départ de la Chine, alimenté par le manque de conteneurs face au dynamisme de la demande internationale.

Une consommation à la peine

La demande des ménages a contribué négativement à l’évolution du PIB l’an dernier, pénalisée par les achats de services mais aussi d’automobiles particulières. Dit autrement, les foyers ont plutôt affecté le léger surplus de leurs revenus à l’épargne, pourtant déjà élevée en regard des standards d’autres pays du continent : en l’espace d’un an, leur taux d’épargne aurait grimpé de 6 points, pour atteindre pas loin de 39 %. Très progressive ces dernières années, la montée en puissance du poids de la consommation dans la richesse nationale, prendra sans doute encore du temps bien qu’elle constitue un des principaux objectifs du plan quinquennal.

Un endettement massif du secteur privé

Avant le déclenchement de la crise, l’endettement des agents économiques non financiers était déjà massif, représentant près de 260 % du PIB. Il a grimpé de 20 points en 2 trimestres (source : Banque des règlements internationaux), pour l’essentiel en raison de la progression des crédits attribués aux entreprises du secteur privé, affectées par les effets de la pandémie. L’endettement public, de son côté, reste contenu (moins de 60 % du PIB), situation qui n’a guère empêché l’apparition de faillites d’entreprises d’État. Les mesures de soutien à l’économie mises en œuvre l’an dernier (exemptions fiscales pour les PME, distribution de bons d’achat, développement d’infrastructures) n’ont en effet représenté que l’équivalent de 4 % du PIB selon les estimations de Rexecode, effort 3 fois moindre que celui déployé en 2008.

Chiffres : 

  • 18,5 % : rapport entre le PIB de la Chine et le PIB mondial en 2020 (PPA)
  • + 7,3 % : variation sur 1 an de la production industrielle en décembre 2020
  • 317 milliards de $ : excédent bilatéral avec les États-Unis en 2020
  • 169 milliards de $ : excédent de la balance courante entre le T1 et le T3 2020
  • – 6 % : variation sur 1 an des immatriculations de véhicules particuliers en 2020
  • + 0,2 % : variation sur 1 an des prix à la consommation en décembre
  • 280 % : taux d’endettement des agents non financiers au T2 2020 (% du PIB)