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Résistance de l’activité industrielle
Malgré un climat conjoncturel morose dans l’industrie en Europe, le secteur manufacturier fait pour le moment preuve d’une certaine résilience en France. La production est bien orientée, tout comme les exportations. Les chefs d’entreprise demeurent optimistes quant à leurs dépenses d’investissement à venir et à l’évolution de l’emploi.
Ce dernier s’est d’ailleurs réorienté à la hausse à partir de l’été 2017, une première depuis près de vingt ans.
Dynamisme des ventes à l’étranger
En avril 2019, la production industrielle a affiché une augmentation de 1,1 % sur douze mois dans l’Hexagone. Après la correction survenue l’an dernier, l’activité se redresse timidement, de sorte qu’elle se situe à un niveau proche du point haut enregistré à l’automne 2017. Parmi les différents secteurs, la situation est toutefois contrastée. L’amélioration peine ainsi à se dessiner dans l’agroalimentaire, où la tendance s’inscrit plutôt en repli. Dans le textile, le caoutchouc, la chimie et les produits métalliques, une stabilisation est observée. Enfin, les résultats sont relativement favorables dans les biens d’équipement, les matériels de transport et la réparation de machines.
Dans le même temps, les ventes à l’étranger font preuve de dynamisme : les exportations de biens manufacturés approchent 39 milliards d’euros par mois (+ 4 % sur un an), un record. Elles sont portées par l’accroissement de la demande en provenance de la majorité des grandes zones, en particulier l’Amérique et l’Union européenne. Au sein de cette dernière, les expéditions à destination du Royaume-Uni ont fortement augmenté du fait d’un mouvement marqué de stockage des entreprises britanniques avant le Brexit. Globalement, les chefs d’entreprise industrielle français restent optimistes, le climat des affaires évoluant au-dessus de sa moyenne de longue période. Hormis des carnets de commandes un peu moins fournis, les perspectives d’activité apparaissent favorables, les stocks relativement bas et les effectifs sont attendus en hausse.
Redémarrage de l’emploi
Depuis la mi-2017, l’emploi hors intérim a renoué avec la croissance dans l’industrie pour la première fois en dix-sept ans. Ainsi, 12 000 créations nettes de postes ont été enregistrées en 2018, la grande majorité des secteurs y ayant contribué à l’exception notable de l’industrie automobile et du bois-papier. Ce mouvement devrait se poursuivre selon l’Insee : + 17 000 anticipées en 2019. L’accroissement des besoins en main-d’œuvre dans l’industrie se poursuit (+ 20 % en 2019 selon l’enquête BMO) et, par ricochet, accentue les difficultés de recrutement. Plus de 45 % des entreprises du secteur signalent être confrontées à ce phénomène, de sorte que le développement de l’activité s’en trouve freiné : 12 % des industriels déclarent ne pas pouvoir augmenter leur production en raison d’un manque de personnel.
Des résultats d’exploitation en berne
Ombre au tableau, les gains de productivité par tête en volume ont sensiblement ralenti l’an passé dans le secteur manufacturier, demeurant inchangés après une progression de 1,8 % en 2017. Ce phénomène, conjugué au rebond des cours des matières premières – notamment du pétrole – et à l’appréciation de l’euro s’est traduit par un nouveau repli du taux de marge de 1,4 point en moyenne annuelle, à 34,2 % de la valeur ajoutée.
La baisse depuis le pic de 2016 dépasse 3 points, ce qui représente un retour au niveau de 2013, avant la mise en place du pacte de compétitivité. La tendance s’est toutefois inversée au début 2019, grâce à la baisse des cotisations patronales (cumulée au Cice cette année au titre de la masse salariale versée en 2018), de sorte que le ratio a bondi de 1,5 point sur un trimestre. Mécaniquement, cette amélioration connaîtra un contrecoup avec l’extinction du Cice au 1er janvier 2020.