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Préservation des revenus des français

La crise sanitaire du printemps a conduit à une chute inédite de la richesse nationale, amplifiée
par un second confinement applicable dès la fin octobre. Pour autant, plusieurs dispositifs, au premier rang desquels l’activité partielle, ont permis de maintenir les revenus des ménages qui ont constitué une épargne à la fois forcée et de précaution en vue de la hausse du chômage.

  • Évolution attendue des revenus nets des Français en 2020 (Insee) : -0.2%
  • Évolution attendue de la consommation en 2020 : -7%
  • Taux d’épargne au T2 2020 : 26.7%
  • Proportion de salariés en télétravail en septembre : 12.4%
  • Proportion de salariés en activité partielle en septembre : 5.8%

L’activité partielle à grande échelle

Entre le premier et le deuxième trimestre 2020, les revenus d’activité des Français ont plongé de quasiment 10 % en euros courants selon les comptables nationaux. Ce mouvement s’explique par un retournement des marges d’exploitation des entrepreneurs individuels (lié à la fermeture des commerces « non essentiels ») mais surtout par une forte diminution des heures travaillées par les salariés.

Selon un chiffrage proposé par la Direction générale du Trésor, au printemps, le recours à l’activité partielle a absorbé près des trois-quarts de cette diminution, le quart restant recouvrant les destructions d’emplois (notamment l’intérim) ainsi que d’autres mécanismes de flexibilité comme les congés et les heures supplémentaires. En effet, selon le ministère du Travail, 8,6 millions de personnes ont été placées en activité partielle au mois d’avril 2020 (le précédent pic avait été établi lors de la récession de 2009, pendant laquelle à peine 0,3 million d’individus avait été concerné chaque mois au second trimestre).

S’il reste élevé, le nombre de salariés inscrits dans ce dispositif a progressivement décru ces derniers mois, revenant à 1,1 million en septembre, dont près de 30 % relèvent d’entreprises de moins de vingt personnes ; par ailleurs, près de la moitié du total exerce dans deux secteurs: les activités techniques et administratives (dont l’évènementiel, les agences de voyages, les agences d’intérim), et, l’hébergement-restauration; en équivalents-temps plein, le chiffre ressort comme au mois d’août à 0,5 million.

Les prestations sociales reçues par les ménages ont ainsi bondi de 8 % au printemps, précisément grâce aux indemnités d’activité partielle (les Français ont reçu 84 % de leur salaire net), aux indemnités d’arrêt-maladie et à l’aide exceptionnelle dédiée aux bénéficiaires des minima sociaux ; de surcroît, les impôts et cotisations sociales versés ont cédé 8 % en ligne avec la sévérité de la crise économique. Au final, la baisse des revenus a été limitée à 2 %; en moyenne annuelle 2020, ces derniers resteraient à peu près stables selon le scénario de l’Insee présenté début octobre, contre une baisse nominale du PIB attendue à environ 10 %. En l’absence d’inflation – la hausse des prix hors tabac serait limitée à 0,2 % cette année – l’évolution des revenus serait de peu négative, tendance, qui, rappelons-le, constitue bien une moyenne: certains ménages ont connu une perte conséquente de pouvoir d’achat ces derniers mois, alors que d’autres l’ont préservé ou bien même accru. Outre l’explosion du chômage partiel dès le déclenchement de la crise, le télétravail a en effet lui aussi amorti le choc: au mois d’avril, un quart des salariés était dans cette situation, en regard d’un ratio estimé à 3 % pour la proportion de Français qui ont travaillé à distance au moins une fois par semaine en 2017.

Dans son projet de loi de finances, le gouvernement évalue qu’au total en 2020 les stabilisateurs automatiques et les mesures de politique économique (activité partielle y compris de longue durée, fonds de solidarité pour les indépendants, indemnités maladie et chômage, soutien à la demande en véhicules propres) permettraient aux ménages de n’assumer que 14 % des pertes de revenus de l’ensemble de l’économie française contre 44 % avant intervention publique.

Envolée de l’épargne

Compte tenu d’une chute de la consommation de biens et services pendant le confinement, l’épargne des Français a bondi de plus de 60 milliards d’euros au premier semestre 2020, résultat d’une augmentation de 77 milliards de l’épargne financière (livrets A, LDD, assurance-vie, etc.) et d’une baisse de 13 milliards de l’épargne non financière (investissement en immobilier). Le taux d’épargne ainsi atteint 27 % de leurs revenus nets au printemps, soit quasiment le double du ratio constaté ces dernières années. S’il est reparti à la baisse durant l’été en raison d’un vif rebond des dépenses des ménages, il va de nouveau s’accroître ces prochaines semaines compte tenu du reconfinement de la population, a minima à l’œuvre jusqu’à début décembre.