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Modération de l’inflation

Plusieurs facteurs directement liés à la crise sanitaire ont contribué à la faiblesse de l’inflation en 2020. Cette dernière a ainsi peu affecté le pouvoir d’achat des Français, surtout préservé par les mesures gouvernementales mises en place à partir de la mi-mars.

Chiffres clés :

  • Variation sur 1 an des prix des produits pétroliers en octobre en France : -15.5%
  • Variation sur 1 an des prix des transports en octobre : -5.4%
  • Variation sur 1 an des prix des biens manufacturés en novembre : -0.4%
  • Variation sur 1 an des prix des produits frais en novembre : +10.6%
  • Variation des prix à la consommation en 2020 : +0.5%
  • Variation des prix à la consommation hors tabac en 2020 : +0.2%

Une pandémie aux conséquences désinflationnistes

Si la mise en place de protocoles suite au déclenchement de la crise sanitaire a pu engendrer des surcoûts pour les entreprises, les effets désinflationnistes l’emportent.

D’abord, afin d’écouler les stocks, nombre de commerces ont proposé des rabais significatifs à la sortir du second confinement de fin novembre en France. Ensuite, les cours du pétrole sont restés presque systématiquement inférieurs à 45 dollars par baril depuis la mi-mars, en raison d’une demande pour le moins déprimée (voire empêchée au printemps en l’absence de possibilité de se déplacer). À moyen terme, c’est surtout l’érosion de la croissance potentielle – c’est-à-dire du volume de la production de biens et services que peut atteindre durablement une économie – qui exerce une pression baissière sur l’inflation : en effet, comme lors de toute crise, les moindres dépenses d’investissement engagées se traduisent par une destruction d’une partie du stock de capital productif, et, la baisse de l’emploi accroît le risque de pertes de compétences.

La politique monétaire est devenue encore plus accommodante ces derniers mois mais son effet d’entraînement sur les prix de détail apparaît décevant, alors que la cible visée par la Banque centrale européenne reste à ce stade imperturbablement fixée à 2 %. L’afflux de liquidités qui en découle peut conduire à une hausse des prix de certains actifs, même si l’envolée des indices boursiers en novembre un peu partout dans le monde (y compris dans l’Hexagone) procède davantage d’un rattrapage lié à la perspective d’une vaccination, après le plongeon intervenu à partir de courant mars.

Un suivi de l’inflation délicat mais continu

Lors des deux confinements, les relevés des 160 000 prix effectués par les enquêteurs de l’Insee dans les points de vente physiques en France ont été interrompus : compte tenu de leurs poids- ils représentent environ quatre dixièmes de l’indice-, d’autres méthodes ont été déployées comme par exemple la collecte des prix de ces mêmes points de vente via internet ou par téléphone. En revanche, les autres sources habituelles utilisées pour évaluer l’inflation n’ont pas été affectées par la crise, à l’image des données de caisse des produits alimentaires (adoptées dans la grande distribution depuis le début 2019) et des tarifs officiels (tabac, carburants, santé).

En dépit d’obstacles techniques, le suivi de l’inflation a donc pu être assuré tout au long de 2020, observation qui vaut d’ailleurs pour tous les indicateurs de conjoncture, publiés par l’Insee dans le respect des délais  habituels : production industrielle, consommation de biens, PIB, etc.

Des évolutions hétérogènes selon les postes

Progressivement durant l’exercice en cours, le glissement annuel de l’indice général des prix s’est modéré, pour tomber de 1,5 % en janvier-février à 0 durant l’automne.
En moyenne annuelle 2020, la hausse devrait ressortir à 0,5 %, résultat reflétant des évolutions
très différentes selon les postes de dépense (le chiffre définitif sera connu à la mi-janvier). Celui des
services, dont la consommation représente près de la moitié des achats des Français, a
augmenté de 0,9 %, soit un rythme équivalent à celui observé depuis trois ans. De leur côté, les
prix de l’alimentation ont grimpé de près de 2 %, tirés par l’accélération brutale des tarifs des produits frais pendant le premier confinement (poisson, fruits et légumes).

À l’inverse, ceux des produits manufacturés se sont maintenus sur une pente légèrement baissière pour la huitième année consécutive, et, les prix de l’énergie ont diminué de 6 %. Le cinquième poste, à savoir le tabac, a de nouveau connu un bond à deux chiffres (+ 13 % en 2020), en ligne avec le relèvement des droits d’accises amorcé en 2018 et destiné à porter le prix du paquet de cigarettes aux alentours de 10 euros ; alors que la demande de tabac ne représente que 2 % du panier de consommation, la hausse des tarifs de celui-ci a ainsi expliqué 60 % de l’augmentation de l’indice général ; dit autrement, l’inflation hors tabac aura seulement atteint 0,2 % en 2020.

Des prévisions modérées pour 2021

Dans le projet de loi de finances présenté fin septembre, une prévision d’inflation de 0,7 % pour l’indice général a été retenu pour l’an prochain, scénario reposant sur une relative stabilité des cours pétroliers et du taux de change de l’euro contre le dollar ; celle du consensus des économistes français interrogés en novembre est équivalente (+ 0,8 %). Compte tenu de l’absence prévue de relèvement de la fiscalité sur le tabac, l’inflation hors tabac différerait peu de celle l’incluant : une progression de 0,6 % en moyenne annuelle 2021 est envisagée par le gouvernement.