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Maintien de l’inflation au-delà de 6 % début 2023

En France, l’indice général des prix de détail augmente de l’ordre de 6 % l’an depuis la mi-2022, marque d’ailleurs dépassée en février 2023. Une inflexion est attendue ces prochains mois mais elle serait de faible ampleur, de sorte que l’inflation approcherait 5 % en moyenne annuelle. Pendant ce temps, les rémunérations accélèrent, en raison à la fois d’une hausse plus significative du salaire de base et du versement de primes comme la PPV.

L’inflation s’est largement diffusée

L’accélération de l’inflation concerne à présent tous les postes de consommation (ou presque) qui font l’objet d’un suivi mensuel de leurs tarifs par l’Insee. En janvier 2023, plus d’un quart de l’ensemble des familles de biens et services répertoriés par l’institut statistique affichaient un glissement annuel d’au moins 10 %, en regard par exemple d’une proportion limitée à 3 % un an plus tôt. Parmi elles, 30 % enregistrent même des augmentations supérieures ou égales à 20 %, parmi lesquels essentiellement des produits alimentaires comme le sucre, les huiles, la farine et autres céréales, le beurre, le lait, etc.

Au total, selon une première estimation publiée pour le mois de février 2023 (limitée aux grands postes de la dépense), l’avance des prix de l’alimentation a expliqué 40 % de l’inflation d’ensemble, alors que celle-ci représente seulement 16 % de la consommation des Français. L’énergie, qui contribuait encore à hauteur de plus de la moitié lors du premier semestre 2022, explique de son côté 20 %. Le solde est réparti entre les biens manufacturés (environ 17 %) et les services (23 %).

Exprimés cette fois non plus sous la forme de contribution mais de glissement annuel, les prix de l’alimentation ont augmenté de 14,5 % en février 2023, tirés à la fois par les produits frais et par les autres denrées. Ce chiffre apparaît comme le plus élevé jamais enregistré depuis que la série est diffusée par l’Insee, à savoir 1991 ; en regard, les précédents pics des étés 2001 et 2008 avaient culminé autour de 6 %, et, la moyenne 2011-2021 s’est seulement inscrite à 1,3 % l’an. Les prix de l’énergie se sont par ailleurs raffermis de 14 % par rapport à février 2022 et ceux des services de quasiment 3 %, tandis que, à + 4,6 %, les tarifs des biens manufacturés affichent un rythme inédit malgré le retournement des tarifs du fret mondial depuis l’été 2022.

Au total, le glissement sur 12 mois de l’indice d’ensemble des prix à la consommation a atteint 6,2 % en février, après + 6 % en janvier. Dans sa récente note de conjoncture, l’Insee envisage que celui-ci ressortirait à 5 % en juin prochain, sans aller au-delà dans l’exercice de prospective. En supposant que le ralentissement se poursuive graduellement lors du second semestre, l’inflation ne serait guère éloignée de 5 % en moyenne annuelle 2023 ; le consensus des économistes interrogé en février anticipe + 4,8 %, chiffre moyen obtenu à partir du scénario de 23 prévisionnistes (banques, institut d’études comme Rexecode et Oxford Economics) : parmi eux, aucun n’envisage un résultat en deçà de 4 %, six attendent entre 4 et 4,5 %, sept entre 4,5 et 5 % et dix 5 % ou plus.

Progression soutenue des rémunérations au second semestre

Au-delà des 4 revalorisations du SMIC intervenues depuis le 1er janvier 2022, les salaires nominaux ont sensiblement accéléré au cours de la seconde partie de l’exercice en France. Selon l’enquête de la Dares menée auprès d’environ 38 000 établissements du privé, le glissement annuel du salaire mensuel de base est ressorti à 3,8 % à la fin du quatrième trimestre, contre une moyenne de 1,5 % l’an jusqu’en 2021. Tous les secteurs sont concernés, les services, l’industrie et la construction affichant une progression de respectivement 3,9 %, 3,8 % et 3,3 %. Le salaire moyen par tête tel que calculé par les comptables nationaux sur le champ des branches marchandes non agricoles – qui comprend les heures supplémentaires ainsi que les primes (PEPA, PPV, etc.) – a, lui, grimpé de 5 % sur un an, selon des données encore provisoires. Par rapport au quatrième trimestre 2019, c’est-à-dire avant la pandémie, il a avancé de 8 % ; en tenant compte de la forte augmentation de l’emploi intervenue sur la période, la masse salariale s’est au final accrue de 13 %.

Les Urssaf, qui avaient déjà établi un premier bilan de la prime de partage de la valeur fin janvier 2023, en ont publié un second un mois plus tard. En résumé, entre juillet et décembre 2022, 4,4 milliards d’€ ont été versés au titre de la PPV, ce à près de 5,5 millions de personnes. Le montant moyen s’élève ainsi à près de 800 €, 29 % des salariés ayant reçu plus de 1 000 € et 40 % moins de 500 €. La proportion des établissements ayant versé la prime est globalement plus significative dans les sous-secteurs de l’industrie, où elle dépasse souvent 30 % (21,5 % en moyenne dans le privé) ; celle-ci approche même 50 % dans la branche de la métallurgie, de nombreuses entreprises ayant notamment versé durant le seul mois de décembre.

Chiffres :

  • + 0,9 % : variation sur 1 mois des prix à la consommation en France en février 2023 (non CVS)
  • + 19,1 % : variation des prix du poste « lait, fromage, œufs » en glissement annuel en janvier 2023
  • + 13,4 % : variation des prix du poste « pain et céréales » en glissement annuel en janvier
  • + 38,2 % : variation des prix du gaz naturel en glissement annuel en janvier
  • + 7,9 % : variation des prix des automobiles neuves en glissement annuel en janvier
  • – 1,3 % : variation des prix des produits pharmaceutiques en glissement annuel en janvier
  • + 25,7 % : variation des prix du transport aérien de passagers en glissement annuel en janvier
  • + 4,5 % : variation du salaire horaire de base des ouvriers et employés dans le secteur privé en glissement annuel au T4 2022
  • 789 € : montant moyen de la PPV dans les établissements du privé entre juillet et décembre 2022
  • 1 040 € : montant moyen de la PPV dans les établissements de moins de 10 salariés du privé entre juillet et décembre

 

CONTACTS

Mathieu PERAUD

Délégué Général

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