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L’industrie éprouvée par des contraintes d’offre : Une vigilance accrue en 2022

L’industrie française a été confrontée à des difficultés d’approvisionnement et de recrutement comme jamais cette année. Celles-ci entravent les volumes produits, alors même que les stocks sont faibles et les carnets de commandes bien garnis. Malgré ces embûches, les entreprises ont accru leurs dépenses d’investissement et procédé à des créations de postes pour le troisième trimestre consécutif, en ligne avec de nombreux besoins de compétences dans les métiers industriels.

Choc de coût

Le retard d’acheminement des intrants consécutif au boom de la demande mondiale de biens durables à partir de l’été 2020 a conduit à une explosion des prix du fret maritime, à l’image de l’indice Harpex qui a été multiplié par 8 entre juin 2020 et octobre 2021, avant de refluer légèrement depuis lors. Les cours des matières premières ont, eux aussi, sensiblement grimpé, rejoignant même récemment leur sommet antérieur de 2011 dans le cas des métaux communs. Dans ce contexte, les prix des consommations intermédiaires dans les branches industrielles en France ont avancé à un rythme proche de 11 % en glissement annuel au troisième trimestre 2021, mouvement seulement en partie répercuté dans les prix de production (+ 8,3 %). Depuis, le choc de coût s’est poursuivi, tout du moins celui relatif à l’énergie (gaz, électricité), avant que les seuls cours du Brent ne retombent à proximité des 70-75 dollars par baril ces derniers jours, soit 10 à 15 dollars de moins que début novembre.

Stabilisation de l’activité

Les difficultés d’approvisionnement, qui touchent encore plus d’une entreprise industrielle sur deux, expliquent la stricte stabilisation du volume de la production manufacturière hexagonale depuis près d’un an. Ce statu quo recouvre des situations pour le moins contrastées : l’activité apparaît légèrement supérieure à son niveau d’avant-crise dans l’agroalimentaire, la chimie, la pharmacie et la réparation de machines, mais, reste inférieure de 29 % dans l’automobile (encore très handicapée par le manque de semi-conducteurs) comme dans les autres matériels de transport ; au sein de cette dernière famille, l’écart s’inscrit même à 33 % dans l’aéronautique, alors que la production est peu ou prou revenue à la normale dans le ferroviaire, voire a bondi dans les industries productrices de motocycles.

L’atonie vaut également pour les ventes à l’étranger. Après un rebond au premier semestre, les exportations de produits manufacturés exprimées en euros courants ont peu varié depuis lors ; pendant ce temps, les importations ont augmenté en liaison avec la montée des cours des produits de base, de sorte que le déficit s’est accentué : à 65 milliards lors des 10 premiers mois de 2021, il dépasse largement celui enregistré durant l’exercice 2019 dans son intégralité. Le déficit des échanges de biens d’équipement électroniques s’est en effet élargi de 2,7 milliards en un an, et, l’excédent dans l’aéronautique a fondu de 4,5 milliards.

Accroissement des mouvements de main d’œuvre et reflux de l’activité partielle

Les recrutements se sont vivement redressés depuis leur creux du printemps 2020. Hors intérim, ils ont même atteint un record à 239 000 au troisième trimestre 2021 dans l’industrie, selon les données compilées par l’Acoss. La métallurgie n’échappe pas au mouvement, même si, à un peu plus de 72 000, ceux-ci restent de peu en retrait de leur niveau de la fin 2018 ; les contrats signés en CDI dans notre branche continuent de représenter un peu plus de la moitié du total. Parallèlement, si les flux de missions d’intérim demeurent volatils au mois le mois, le stock d’intérimaires évolue à la marge depuis la fin 2020, dans l’industrie comme dans la métallurgie.

Alors qu’il s’était pour ainsi dire gelé lors de l’apparition de la pandémie, le marché du travail affiche désormais des mouvements de main d’œuvre comparables à ceux enregistrés antérieurement. Au deuxième trimestre 2021 le taux de rotation de la main d’œuvre, calculé comme la moyenne du taux d’entrée et du taux de sortie, est remonté aux alentours de 6,7 %, contre 4,8 % au deuxième trimestre 2020 ; avant la crise, le ratio s’inscrivait aux environs de 7 % par trimestre. La hausse des embauches s’accompagne en effet de celle des démissions ainsi que celle d’autres motifs de sortie comme les ruptures conventionnelles et les licenciements économiques (les CDD arrivés à terme se sont, eux, néanmoins contractés). Au total selon une seconde estimation de l’Insee, les effectifs de l’industrie hors intérim se sont raffermis de 4 200 entre la fin des deuxième et troisième trimestres 2021, après 9 500 au premier semestre ; ils restent inférieurs de 41 000 par rapport à la fin 2019.

La Dares estime à ce stade le nombre de salariés effectivement en activité partielle à un peu moins de 160 000 au mois d’octobre 2021 (peu ou prou le même qu’en septembre), soit environ 5 % des personnes en emploi. Le seul secteur des matériels de transport concentre 58 % des salariés en activité partielle, alors que le stock de ses effectifs représente moins de 11 % du nombre total de salariés de l’industrie.

Chiffres clés :

  • + 37 % : variation sur un en novembre 2021 des cours de l’aluminium au comptant cotés au LME
  • 56 % : part des entreprises industrielles éprouvant des difficultés d’approvisionnement en octobre 2021
  • – 5,4 % : variation de l’excédent brut d’exploitation dans le secteur manufacturier au T3 2021
  • – 10 % : variation sur 2 ans des exportations de biens manufacturés au T3 2021 (en volume)
  • – 31,8 milliards d’€ : solde des échanges extérieurs de biens d’équipement entre janvier et octobre 2021
  • 15,8 milliards d’€ : solde des échanges extérieurs dans l’aéronautique entre janvier et octobre 2021
  • -1,3 % : variation de l’emploi dans l’industrie du T4 2019 au T3 2021 (hors intérim)
  • 35 400 : salariés de l’industrie en activité partielle en octobre 2021 (équivalents-temps plein)

CONTACTS

Mathieu PERAUD

Délégué Général

02 99 87 42 87