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Les dépenses des entreprises soutiennent la croissance

La croissance économique aura été proche de zéro au cours des derniers trimestres en France, conséquence de chocs inédits (guerre en Ukraine, boom des prix énergétiques). Le basculement en récession a toutefois été évité à la faveur notamment de la vigueur prolongée des dépenses des entreprises.

Faibles hausses trimestrielles du PIB

Le volume du PIB français a augmenté de 2,6 % en moyenne annuelle 2022. Ce résultat masque néanmoins une hausse très faible en rythme infra-annuel, l’essentiel de l’expansion ayant été réalisé en 2021 : autrement dit, l’acquis de croissance- à savoir celle qui aurait été enregistrée lors du dernier exercice si le niveau du PIB du quatrième trimestre 2021 était resté rigoureusement stable les quatre suivants- ressortait déjà à 2,3 %.

Au-delà des perturbations liées à la cinquième vague du Covid en janvier 2022 (recul de l’activité au premier trimestre puis rebond au second), le PIB s’est légèrement raffermi au second semestre ; il n’a ainsi pas reculé en fin d’année comme le craignait l’Insee dans sa note de conjoncture publiée début décembre, et, comme c’est le cas dans deux autres grandes économies d’Europe, plus dépendantes des approvisionnements en gaz russe avant le déclenchement du conflit militaire, à savoir l’Allemagne et l’Italie (respectivement une baisse du PIB de 0,2 % et 0,1 % au quatrième trimestre).

Entre le quatrième trimestre 2019 (celui précédant la pandémie) et le quatrième trimestre 2022, le PIB français s’est accru de 1,2 %, cadence similaire à celle relevée en zone euro. Le stock d’emplois marchands a, lui, progressé de 4,2 % selon les comptes nationaux connus jusqu’au troisième trimestre, de sorte que la productivité par tête a décliné de 3 points dans notre pays. L’envolée de l’alternance, le recours à l’activité partielle (42 000 salariés en moyenne par mois au troisième trimestre 2022 selon la Dares), la rétention de main d’œuvre ou bien encore le nombre conséquent d’arrêts maladie perdurant depuis la crise sanitaire participent de ce mouvement plutôt atypique ; en effet, la productivité a plutôt augmenté en Europe ces trois dernières années.

Progression toujours à l’œuvre pour les investissements productifs

Les investissements opérés par les entreprises non financières installées dans l’Hexagone se sont raffermis de 1,2 % en volume lors du dernier trimestre 2022, c’est-à-dire au même rythme que celui enregistré chaque trimestre depuis fin 2020. Ils restent tirés par les dépenses en logiciels et R&D (+ 30 % en l’espace de trois ans) mais aussi en biens d’équipement (+ 22 %), alors même que la trésorerie des entreprises se dégrade et que les surcoûts énergétiques sont plutôt à venir que passés. Si les résultats d’exploitation se sont maintenus jusque-là à l’échelle macroéconomique, ce n’est pas le cas dans l’industrie manufacturière : lors des trois premiers trimestres de 2022, le taux de marge y a atteint 32 % de la valeur ajoutée, soit 2 points de moins que la moyenne enregistrée entre 2000 et 2018.

L’année 2022 aura également été marquée par une forte constitution de stocks des entreprises, laquelle a contribué à hauteur de 0,5 point à l’évolution du PIB, meilleure performance depuis 2014.  Cette situation peut tenir selon les cas d’une réduction de la demande et/ou de la persistance de difficultés d’approvisionnement, mais peut aussi traduire une volonté des chefs d’entreprise de disposer d’inventaires conséquents à l’aube d’une hausse de leurs coûts de production (énergie, masse salariale).

La consommation flanche

La consommation totale des ménages a reculé de près de 1 % entre les troisième et quatrième trimestres 2022. Celle dédiée à l’énergie a, il est vrai, plongé de de 10 % en raison des nouveaux comportements de sobriété et de la douceur des températures en octobre-novembre (jamais une telle correction n’avait été relevée depuis que la série est disponible, en 1949) ; de surcroît les achats de produits alimentaires ont diminué pour la quatrième fois consécutive. L’inflation pour ces deux types de biens est en effet particulièrement marquée : + 15 % en glissement annuel en décembre pour l’énergie et + 12 % pour l’alimentation. En fait, depuis la crise sanitaire, les revenus nets des Français ont grimpé plus rapidement que leur consommation (en valeur) : leur surplus d’épargne accumulé depuis lors- à savoir la différence entre les flux d’épargne observés et ceux qui auraient été constatés en prolongeant la tendance de 2019- s’établit autour de 180 milliards d’euros.

A la différence de ceux des entreprises, les investissements des ménages (achats de logements neufs + gros travaux d’entretien) ont amorcé un repli ces derniers trimestres. Celui-ci devrait s’accentuer au vu de la contraction des réservations de logements neufs par les particuliers tout au long de 2022, qu’elles soient effectuées auprès de promoteurs ou bien dans le secteur individuel diffus. Dans l’ancien, à 1,13 million de logements, les transactions sont également orientées à la baisse depuis le sommet historique de 1,2 million touché un an plus tôt.

Aggravation du déficit extérieur

Depuis 2005, le commerce extérieur français a pénalisé la croissance économique à treize reprises, 2022 n’échappant pas à la tendance. Exprimées en volume, les importations de biens et services ont augmenté de près de 9 % contre + 7 % pour les exportations ; selon les douanes, le déficit des échanges de marchandises a atteint 164 milliards d’euros, après 86 milliards en 2021 et une moyenne de 61 milliards l’an entre 2017 et 2020. Environ 85 % de l’accentuation de celui-ci est lié à l’énergie (hydrocarbures naturels mais, aussi, électricité, pour laquelle le solde est pour la première fois tombé en territoire négatif) ; le reste tient pour l’essentiel au creusement du déficit mesuré pour les biens manufacturés (chimie de base, produits métalliques, textile, etc.). L’amélioration de l’excédent pour les services n’a pas suffi, loin s’en faut, à combler le déséquilibre enregistré pour les biens.

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Mathieu PERAUD

Délégué Général

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