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Légère croissance de l’activité au début 2024

Alors que l’Insee redoutait une stagnation du PIB français lors des trois premiers mois de 2024, une petite hausse est finalement intervenue selon une première estimation parue fin avril (+ 0,2 %), reposant uniquement sur la demande intérieure, privée comme publique. Elle demandera confirmation à la fin mai, lorsque l’institut statistique aura adopté une nouvelle base des comptes nationaux, opération à laquelle elle procède à intervalles réguliers afin de dépeindre au plus près le fonctionnement de l’économie. 

Sursaut de la consommation

La consommation des ménages constitue le principal levier de la croissance économique. Pourtant, le volume des achats de biens industriels, qui avait déjà reculé de 0,5 % fin 2023, a fait du surplace au premier trimestre 2024, pénalisé par la contraction des immatriculations automobiles (elle-même liée à l’entrée en vigueur de critères plus restrictifs sur l’attribution du bonus écologique dès le 1er janvier). En contrepoint, la demande de services a poursuivi sur sa lancée, affichant une progression de 0,7 % grâce à tous les grands postes de dépense à l’exception des services financiers ; c’est notamment le cas pour les transports, dont la consommation vient de retrouver ses niveaux d’avant Covid, et, l’hôtellerie-restauration, qu’elle dépasse à présent largement. Si, comme l’anticipait l’Insee dans sa note de conjoncture du mois de mars, le taux d’épargne s’est maintenu à proximité de 18 % au premier trimestre 2024, l’intégralité de la hausse de la consommation tient à celle des revenus réels des ménages : autrement dit, leurs revenus nominaux ont augmenté plus rapidement que l’inflation, pour partie grâce à l’accélération des prestations sociales (tirées notamment par l’indexation des retraites de base).

L’avance des prix de détail continue de décélérer : en avril dernier, le glissement sur un an de l’indice général a atteint 2,2 %, en regard de 3 % en février et 4 % en octobre 2023. Il faut dire que les tarifs de l’alimentation comme des biens manufacturés plafonnent depuis plusieurs mois, alors que la progression de ceux des services se maintient sur une pente de 3 %. En moyenne annuelle 2024, l’augmentation de l’indice général des prix s’établirait à 2,5 % selon le consensus des économistes, prévision qui n’a en fait quasiment pas été modifiée depuis l’été 2023.

Des fortunes diverses pour l’investissement : toujours mal orienté chez les ménages mais dynamique du côté des entreprises

Si la consommation des ménages montre des signes encourageants, ce n’est pas le cas de leurs investissements, qui, en comptabilité nationale, regroupent les achats de logements neufs et les gros travaux dans les anciens : au premier trimestre 2024, ils ont diminué pour la dixième fois consécutive, s’affichant en retrait de plus de 13 % par rapport à leur niveau de l’été 2021. Primordiaux dans le choix d’acquérir un bien immobilier, les taux d’emprunt ont toutefois, comme ailleurs en Europe, passé un pic, cédant 11 points de base en trois mois en mars selon la Banque de France ; s’inscrivant autour de 23 ans, la durée moyenne des emprunts n’augmente plus. Au total, le pouvoir d’achat immobilier- mesuré comme le nombre de m² pouvant être acquis par un ménage disposant d’un revenu moyen et empruntant au maximum de sa capacité- s’est probablement quelque peu redressé au début 2024 après déjà une stabilisation lors des derniers mois de 2023.

La bonne surprise est venue des dépenses des entreprises en capital fixe, puisque le repli enregistré à la fin de l’an passé ne s’est pas prolongé. Lors des trois premiers mois de 2024, elles ont grimpé de 0,5 %, stimulées par les investissements dédiés aux logiciels-R&D (+ 2 %), de sorte que ceux-ci surpassent de 36 % leur marque de la fin 2019 ! A l’inverse, les achats de biens d’équipement sont restés défavorablement orientés en ligne avec le recul des importations.

Les dépenses en capital circulant ont globalement de nouveau amputé l’activité au début 2024 (- 0,2 point). Le solde d’opinions des industriels sur leurs stocks a, il est vrai, décroché en février-mars, avant de rebondir au mois d’avril pour retrouver sa norme passée. Celui calculé auprès des commerçants le dépasse, lui, chaque mois depuis juin 2023.

Contribution nulle du commerce extérieur

La contribution du commerce extérieur à la croissance du PIB s’est révélée nulle au premier trimestre 2024.  D’un côté, les exportations ont progressé de 0,5 % en volume, majoritairement grâce aux biens intermédiaires : produits chimiques, parfums et cosmétiques, et, produits métalliques. De l’autre, les achats à l’étranger, largement plus élevés en € courants, se sont appréciés de 0,2 % malgré la réduction des importations de biens d’équipement pour le troisième trimestre consécutif ; les seuls approvisionnements en énergie se sont partiellement redressés, le renchérissement observé pour les produits raffinés faisant plus que compenser le repli pour les hydrocarbures naturels. Au total, le déficit extérieur de biens et services tel que mesuré par les comptables nationaux est estimé à 5,8 milliards d’€ lors des trois premiers mois de l’exercice en cours, montant proche de celui relevé en moyenne chaque trimestre avant la pandémie.

Augmentation prolongée des dépenses publiques

Le dernier poste de la demande, à savoir les dépenses publiques, a légèrement accéléré au premier trimestre : + 0,7 %, après + 0,5 % lors de chacun des deux trimestres précédents. En moyenne annuelle, la réduction du déficit des administrations serait modeste selon le gouvernement, qui a récemment transmis son programme de stabilité à la Commission européenne : celui-ci ressortirait en effet à 5,1 % du PIB, après 5,5 % en 2023 (deuxième plus mauvais résultat parmi les pays de la zone euro derrière l’Italie cette année-là). A ce stade, l’ajustement prévu à moyen terme, c’est-à-dire la prévision d’un retour à moins de 3 % à l’horizon 2027, manque de crédibilité selon le Haut Conseil des Finances Publiques : « un tel effort en dépenses n’a jamais été réalisé par le passé, sa documentation reste à ce stade lacunaire et sa réalisation suppose la mise en place d’une gouvernance rigoureuse, associant l’ensemble des acteurs concernés (l’État, les collectivités locales et la sécurité sociale), qui n’est pas réunie aujourd’hui ».

Chiffres clés :

  • +1,1 % : variation sur 1 an du PIB en volume au T1 2024
  • +3,8 % : variation sur 1 an du déflateur du PIB au T1 2024
  • +1,2 % : variation sur 1 an des prix de l’alimentation en avril
  • +0,7 % : variation de la consommation de services au T1 2024
  • 3,52 % : taux d’intérêt moyen des crédits à l’habitat en mars
  • +0,1 % : variation des investissements des entreprises en produits manufacturés au T1 2024
  • 33 % : taux de marge des sociétés non financières au T4 2023
  • -18,9 milliards d’€ : solde extérieur français des échanges de biens industriels au T1 2024
  • + 2 % : variation sur 1 an des dépenses des administrations publiques en volume au T1 2024
  • 33,9 milliards d’€ : coût des mesures de soutien face à l’inflation en 2023 (chiffrage du gouvernement)
  • 110,6 % : dette des administrations publiques en proportion du PIB fin 2023

CONTACTS

Mathieu PERAUD

Délégué Général

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