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LA CONSOMMATION SE REPREND, L’INVESTISSEMENT RÉSIDENTIEL À LA PEINE

La recomposition de la croissance économique ne se manifeste encore qu’imparfaitement en France : la consommation privée se ressaisit à la faveur de la désinflation, et, l’investissement productif ne montre à ce stade aucun signe de faiblesse. Ces indications favorables sont néanmoins quasiment effacées par les mouvements de stocks et par les résultats du commerce extérieur.

Légère croissance à l’été

Après une augmentation de 0,6 % en volume au second trimestre 2023 liée pour partie à des aléas positifs (forte contribution des stocks, rattrapage des exportations), le PIB tricolore a grimpé de 0,1 % selon une première estimation publiée il y a quelques jours par l’Insee. Pendant ce temps, il a avancé de 0,3 % en Espagne, n’a guère varié en Italie et a reflué en Allemagne (où l’activité est seulement comparable à son niveau d’avant la pandémie). L’économie française se montre donc résiliente mais est clairement entrée dans une phase de ralentissement, comme en témoigne l’enquête de conjoncture de l’Insee d’octobre : l’indice agrégé du climat des affaires mesuré auprès des employeurs de l’ensemble des grands secteurs est retombé sous sa moyenne de long terme pour la première fois depuis le printemps 2021. L’indice du climat de l’emploi s’est également dégradé, confortant la première estimation dédiée à l’évolution du nombre de salariés : au troisième trimestre, ce dernier aurait décliné de 18 000, venant interrompre une progression continue les 10 trimestres précédents (correspondant à 1,3 million de postes créés). Ce mouvement procède d’une nouvelle baisse des effectifs dans la construction, ainsi que d’une contraction des effectifs intérimaires qui va en s’accélérant.

Vigueur prolongée des dépenses des entreprises

La première bonne nouvelle provient du poste des investissements des entreprises : le creux du début 2023 a en effet laissé place à une hausse soutenue au second trimestre (+ 0,9 %) et plus encore au troisième (+ 1,5 %), tirée par la vigueur prolongée des dépenses consacrées à l’information-communication (R&D, logiciels), qui dépassent à présent de 37 % leur niveau enregistré fin 2019. De surcroît, les achats consacrés aux matériels de transport ont de nouveau bondi (+ 6,2 %), stimulés par un fort renouvellement des flottes de véhicules utilitaires. Si la montée en puissance des dépenses affectées à l’environnement est bien signalée dans plusieurs sondages, certains fondamentaux vont pourtant à l’encontre de l’engagement de nouveaux investissements, à commencer par le renforcement inédit du coût du capital : selon la Banque de France, les taux d’intérêt annuels des crédits bancaires distribués aux sociétés non financières ont atteint 4,5 % en moyenne en septembre 2023 contre moins de 2 % un an auparavant et 1,3 % début 2022.

La vitalité des investissements n’empêche pas les importations de biens et services de reculer (- 0,5 % pendant l’été), en liaison avec le repli des approvisionnements en biens d’équipement et en pétrole raffiné. Les flux d’exportations ont diminué davantage, de sorte que le commerce extérieur a affecté la croissance économique à hauteur de 0,3 point. En moyenne annuelle 2023, sa contribution deviendrait favorable (ce qui ne s’était produit qu’à 2 reprises lors de la décennie passée), situation qui tiendrait à un plafonnement des importations lui-même lié à l’atonie de la demande interne plutôt qu’à un raffermissement notable des ventes à l’étranger.

Exprimés en € courants, les stocks ont de nouveau progressé mais à une cadence moindre qu’au deuxième trimestre ; en conséquence, ils ont pénalisé l’activité économique de la même façon que les échanges extérieurs (- 0,3 point en volume au troisième trimestre), après un exercice 2022 durant lequel il l’avait particulièrement soutenue (entre autres afin de prévenir des pénuries de composants).

Un taux d’épargne toujours très haut

Le rebond de la consommation des ménages constitue la seconde bonne nouvelle. Après une stagnation au printemps, elle s’est raffermie de 0,7 % grâce à la bonne tenue de la demande pour les services ainsi qu’au rétablissement de celle pour les produits alimentaires, laquelle s’était réduite lors des 8 trimestres précédents face à des pressions inflationnistes jamais vues. À plus de 18 % des revenus après prélèvements, le taux d’épargne des ménages s’est maintenu à un niveau exceptionnel au second trimestre (dernier connu) ; le ratio demeure ainsi nettement au-dessus de ses standards d’avant Covid, alors qu’il lui est équivalent en moyenne dans les autres pays de la zone euro.

Toujours d’après les comptes trimestriels, les investissements résidentiels réalisés par les ménages ont cessé de diminuer durant l’été 2023, en lien avec la résistance des dépenses d’amélioration-entretien et la progression marquée des mises en chantier en septembre. Face à des prix toujours très élevés et à une remontée brutale des taux d’emprunt, les logements commencés étaient tombés à un niveau historiquement bas les mois précédents, résultat d’une chute allant jusqu’à plus de 40 % en glissement annuel dans certaines régions. Dans la filière des promoteurs, le délai d’écoulement des stocks auprès des particuliers a ainsi doublé en l’espace d’un an, pour ressortir à 20 mois de vente au printemps (26 mois pour les seules maisons). Dans l’ancien, le marché se retourne également, les transactions revenant à 0,95 million en cumulé sur 12 mois en août contre 1,2 million jusqu’à la mi-2022. La correction du marché immobilier apparaît donc particulièrement vive, quoique moins qu’ailleurs compte tenu d’une remontée des taux d’intérêt tout de même moins prononcée dans notre pays et d’un recours au crédit à taux variable structurellement marginal (ce qui n’est pas le cas au Portugal, en Italie et en Espagne par exemple).

Des tensions inflationnistes moins vives

En France comme en Europe, l’inflation reste inhabituellement élevée mais s’assagit progressivement. C’est le cas lorsqu’elle est mesurée pour l’ensemble des postes de la demande, puisque le déflateur du PIB s’est accru de 0,6 % au troisième trimestre en regard d’une moyenne d’1,4 % par trimestre depuis la mi-2022 ; c’est aussi vérifié pour le seul poste de la consommation : le glissement annuel des prix de détail s’est inscrit à 4 % en octobre après un pic de 6 % les premiers mois de 2023, en raison d’une division par 3 de l’avance des tarifs de l’énergie et par deux de l’alimentation et des biens manufacturés. Il se maintiendrait sur une cadence proche en novembre-décembre, de sorte que, en moyenne annuelle, les prix à la consommation augmenteraient de 5 %, après + 5,2 % en 2022.

Chiffres clés :

  • + 0,1 % : variation du PIB en France au T3 2023
  • + 0,9 % : variation du PIB en moyenne annuelle 2023 (prévision Insee)
  • – 15 300 : variation du nombre d’intérimaires dans l’ensemble de l’économie au T3 2023
  • + 2,5 % : variation des investissements des entreprises en information-communication au T3 2023
  • 33 % : taux de marge des sociétés non financières au T2 2023
  • – 1,4 % : variation des exportations de biens et services au T3 2023
  • + 0,8 % : variation de la consommation des ménages en biens alimentaires au T3 2023
  • + 4 % : variation sur 1 an de l’indice général des prix à la consommation en octobre 2023
  • 9,2 milliards d’€ : montant des prêts à l’habitat distribués aux particuliers en septembre 2023
  • 3,84 % : taux d’intérêt annuel moyen des prêts à l’habitat en octobre 2023 (hors renégociations)

CONTACTS

Mathieu PERAUD

Délégué Général

02 99 87 42 87