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Inflexion de l’emploi industriel début 2022 : Une première alerte !

En dépit d’un léger recul du PIB, des créations nettes de postes sont de nouveau intervenues au premier trimestre 2022 dans le secteur privé en France. Ce n’est pas le cas dans l’industrie, où les effectifs avaient quasiment rejoint leur niveau pré-pandémie à la fin de l’an passé.

Contribution inédite de l’alternance

Selon une seconde estimation publiée par l’Insee le 9 juin, les effectifs du secteur privé se sont raffermis de près de 70 000 au premier trimestre 2022 en France. La hausse par rapport aux 3 premiers mois de 2021 s’élève à 725 000, en raison des créations nettes de postes enregistrées dans les services (en particulier dans les secteurs de la restauration, du commerce, du conseil et des services administratifs), et, dans la construction. Près d’un cinquième du mouvement d’ensemble tient par ailleurs au dynamisme des flux de contrats en alternance alors que le stock d’alternants ne représente que 3,3 % de l’emploi salarié total (chiffre 2021).

L’emploi privé est désormais supérieur de 650 000 à son niveau de la fin 2019, soit de 3,3 %. En regard, le PIB a seulement grimpé de 0,3 % sur la période, de sorte que la productivité par tête s’est sensiblement dégradée, notamment sous l’effet de la rétention de main d’œuvre (certaines entreprises ont pu conserver davantage de personnes que leur besoin, par crainte de ne pas en retrouver), et, du recours à l’activité partielle. Dans ce contexte, le taux d’emploi – à savoir le rapport entre ce dernier et la population active âgée de 15 à 64 ans – continue de grimper, s’inscrivant à 68 % au premier trimestre 2022 : + 3,5 points par rapport au début 2015. En conséquence, le taux de chômage est tombé à 7,1 % de la population active en métropole, meilleur résultat enregistré depuis 2008 exception faite de l’aléa du printemps 2020 (il y a 14 ans, le ratio était passé transitoirement sous la barre des 7 % pour la première fois depuis 1982).

Inflexion de l’emploi industriel

Les effectifs de l’industrie ont progressé de 74 000 l’an passé, pour moitié grâce à la hausse constatée dans l’agroalimentaire. Autrement dit, les recrutements ont été plus nombreux que les fins de contrat, lesquelles ont pourtant augmenté compte tenu notamment de la montée en puissance des démissions. Désormais, à plus de 7 %, le taux de rotation trimestriel de la main d’œuvre (moyenne du taux d’entrée et du taux de sortie du marché du travail) dépasse d’1 point son niveau moyen de la décennie 2010.

À l’inverse, le stock d’emplois industriels a diminué de 4 500 au premier trimestre 2022, à la fois en raison de l’inflexion de l’intérim et du nombre de salariés détenteurs d’un autre contrat de travail. Au total, il se situe en retrait de 8 000 postes par rapport à la fin 2019, pour une large part en liaison avec la contraction observée dans les matériels de transport. Il faut dire que le volume de l’activité estimé par l’Insee en avril dans l’automobile demeurait inférieur de 28 % à celui qui était le sien il y a près de deux ans et demi, et, de 35 % dans l’aéronautique.

Dans la métallurgie – dont le champ peut être approché en agrégeant les effectifs relevant des codes CH à CM de la nomenclature – les effectifs salariés ont également reculé au début 2022 (- 1 700 après + 11 500 au second semestre 2021), de sorte qu’ils sont amputés de 45 000 par rapport à leur niveau d’avant l’apparition du Covid-19. Cette perte de quasiment 3 % recouvre une baisse de 4 % dans le secteur des produits métalliques (sidérurgie, fonderie, usinage, etc.) et de 7 % dans les matériels de transport, alors qu’une progression de 2,2 % est relevée dans la réparation de machines, moins sensible au cycle conjoncturel.

Environ 30 000 personnes en activité partielle dans la branche au mois de mars

Selon les statistiques transmises par l’Unédic, environ 30 000 salariés de la métallurgie étaient placés en activité partielle en mars 2022, soit 3 fois moins qu’à la fin de l’an passé (ce chiffre pourra toutefois être revu à la hausse puisque les entreprises disposent d’un délai de 6 mois pour effectuer leur demande) ; exprimé en équivalents temps plein, le nombre est ramené à environ 6 000. Le secteur automobile, particulièrement affecté par les pénuries d’intrants, regroupe plus d’un tiers des salariés de la branche en activité partielle (alors que le stock de ses effectifs totaux en représente à peine 12,5 %), tout comme celui des produits métalliques.

Le nombre de salariés de la métallurgie mis en APLD, qui avait dépassé celui mesuré pour les salariés en activité partielle de droit commun au tout début 2021, s’est établi à 24 000 en mars dernier, représentant ainsi plus de 80 % du nombre total de personnes en activité partielle. Dans son état des lieux publié courant février, l’Unédic indiquait que 23 % du nombre total de salariés en APLD dans l’ensemble de l’économie exerçait au sein des matériels de transport sur la période juillet 2020-décembre 2021 ; le même ratio calculé pour l’ensemble de la métallurgie s’élevait à 41 %.

Chiffres clés :

  • 20,6 millions : nombre de salariés du secteur privé en France à la fin du T1 2022
  • 66 300 : déclarations d’embauche de plus d’1 mois dans l’industrie en avril 2022 (hors intérim)
  • 8,3 % : taux de recours à l’intérim dans l’industrie à la fin du T1 2022
  • 3,9 semaines : durée moyenne des missions d’intérim dans les matériels de transport à la fin du T1 2022
  • 16 200 : pertes nettes d’emplois dans l’automobile entre la fin du T4 2019 et la fin du T1 2022 (hors intérim)
  • 1 230 : nombre d’établissements de la métallurgie ayant déposé une demande d’indemnisation d’activité partielle en mars 2022
  • 2,9 % : taux de recours à l’activité partielle dans la métallurgie au T1 2022
  • 1,8 % : taux de recours à l’activité partielle dans l’industrie au T1 2022
  • 55 % : proportion des salariés de la branche en APLD se situant dans des établissements de plus de 250 salariés

CONTACTS

Mathieu PERAUD

Délégué Général

02 99 87 42 87