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Envolée des cours des matières premières

Le retour de la croissance économique – à commencer par celle de la Chine – a conduit à une augmentation des cours mondiaux des matières premières dès l’été 2020. À la fois brutale et généralisée au nombre de produits, elle préoccupe les industriels français, dont le besoin de préserver les marges apparaît crucial pour accroître leurs dépenses d’investissement.

Explosion de la demande après les confinements

La récession économique consécutive à la pandémie a été d’une violence inouïe. Le rebond qui s’en est suivi ne l’a pas moins été, comme en témoigne la rapidité avec laquelle la production industrielle mesurée à l’échelle mondiale a retrouvé son niveau préalable à la crise.

Le redressement est d’abord venu de Chine, dont la demande pour nombre de matières premières a explosé : c’est notamment le cas pour le minerai de fer, dont les importations ont progressé de 27 millions de tonnes en un an lors des 5 premiers mois de l’exercice en cours ; le prix moyen importé dans le port de Tianjin a ainsi été multiplié par 2,5 entre avril 2020 et juin 2021. Les approvisionnements du géant asiatique en aluminium et en cuivre ont par ailleurs continué de gonfler au premier semestre 2021, propulsant les cours au comptant sur le London Metal Exchange à un niveau quasiment inédit depuis 10 ans début mai pour le premier et à un pic historique pour le second. Les achats de céréales enfin, constituent un autre exemple de la vitalité de la demande chinoise, qui bondirait d’environ 123 % durant la campagne 2021-2022, selon le scénario de l’Organisation des Nations Unies.

L’amélioration significative de la conjoncture aux États-Unis a également contribué à la nouvelle donne sur les matières premières. La construction résidentielle, largement réalisée en bois, y a été dopée par l’essor du télétravail et par le raffermissement des revenus de transfert prévu dans les plans de relance, pendant que les entreprises américaines se sont massivement approvisionnées en Europe et alors que les tensions commerciales avec le Canada se sont intensifiées. Longtemps stationnaires, les prix à terme du bois de construction à la bourse de Chicago ont ainsi quintuplé en l’espace d’un an.

D’autres facteurs ont bien sûr pu contribuer à la montée des cours selon les cas (transition énergétique pour certains métaux, spéculation, aléas météorologiques). Au total, les cours mondiaux des produits de base hors métaux précieux et pétrole ont bondi d’environ 70 % entre le printemps 2020 et début mai 2021, se situant toutefois encore 10 % en retrait de leur sommet de 2011. Depuis lors, un reflux s’est amorcé, à la fois pour les produits alimentaires (huiles, grains), agricoles (bois), et, les métaux communs (aluminium, cuivre, zinc).

Les semi-conducteurs, emblématiques des tensions sur les approvisionnements

Propre à la nature même de la crise, la chute de la mobilité a entraîné une forte demande de produits électroniques et informatiques (+ 27 % pour les livraisons mondiales d’ordinateurs portables au troisième trimestre 2020, d’après le cabinet Strategy Analytics). Dans la foulée des déconfinements, une reprise soutenue de l’activité est intervenue chez tous les marchés clients et la Chine a constitué des stocks massifs de puces en prévision des sanctions américaines. Dans ce contexte, les chaînes logistiques ont été soumises à d’intenses pressions, induisant un allongement des délais de livraison de plusieurs mois. Le déséquilibre entre offre et demande a par exemple entraîné un triplement des prix en quelques mois pour une référence des puces de mémoire DDR3, selon les données fournies par DrameXchange.

Peu de risques d’un emballement de l’inflation

Les enquêtes menées par les instituts de conjoncture et les organisations professionnelles mettent clairement en exergue le double choc subi par les industriels français (prix et approvisionnements). Ceux de la mécanique par exemple relèvent des hausses significatives de certains intrants (tôle à chaud en bobine, plaque à chaud, barre ronde acier, etc.) et les délais de livraison de leurs fournisseurs se sont allongés de sept mois en moyenne. 44 % des chefs d’entreprise de l’industrie interrogés par la Banque de France début juin dernier signalaient des difficultés d’approvisionnement ayant eu un impact sur la production, ratio s’élevant même à près de 70 % dans les matériels électriques et l’automobile. Pour préserver leurs marges, ceux-ci augmentent à leur tour les prix en sortie d’usine : + 6,5 % en glissement annuel en avril 2021 selon l’Insee, cadence la plus rapide enregistrée depuis 2008. Pour autant, les risques d’une dérive inflationniste semblent contenus, notamment en raison de l’existence de surcapacités (les défaillances ont plongé l’année dernière) et du niveau élevé du chômage qui empêche tout déclenchement d’une boucle prix-salaires. Au final, la hausse des prix de détail s’établirait à 1,5 % en moyenne annuelle 2021 dans l’Hexagone, après + 0,5 % en 2020.

En savoir plus : Juillet 2021 – Présentation UIMM – Matières premières

Chiffres :

  • + 79 % : variation sur 1 an des importations chinoises d’aluminium en janvier-mai 2021
  • 1,6 million : mises en chantier de logements aux États-Unis en mai 2021 (rythme annuel)
  • 213,8 $ : cours du minerai de fer au comptant par tonne le 24 juin 2021 (port de Tianjin)
  • 9 391 $ : cours du cuivre au comptant par tonne le 24 juin (London Metal Exchange)
  • 1 048 $ : cours du bois de construction à terme le 18 juin (1 000 pieds de planche, bourse de Chicago)
  • 75,7 $ : cours du Brent au comptant le 24 juin 2021
  • + 41,5 % : variation sur 1 an en € des prix des matières premières industrielles importées en France en avril 2021
  • + 1,5 % : variation sur 1 an des prix à la consommation en France en juin 2021