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Dégradation de la conjoncture européenne

Les pressions inflationnistes finissent par conduire à une franche décélération de la croissance économique en Europe, voire à une récession dans certains cas. La politique monétaire devient plus restrictive (un peu) et les politiques budgétaires plus expansionnistes (beaucoup).

Repli du climat des affaires

L’indice du sentiment économique mesuré pour la zone euro et publié par la Commission européenne a cédé 3,5 points au mois de septembre 2022, de sorte qu’il est retombé à un plus bas depuis l’été 2013 (exception faite des premiers mois de la pandémie). Tous les grands secteurs sont concernés, de même que les ménages, dont les réponses sont comptabilisées. D’autres enquêtes comme les PMI publiées par S&P Global auprès d’entreprises de l’industrie et des services témoignent aussi d’une détérioration de la confiance des agents, si bien que l’activité est désormais considérée en contraction. Si le PIB de la zone euro a probablement de nouveau augmenté au troisième trimestre grâce notamment au tourisme, il reculerait fin 2022-début 2023, selon Rexecode, qui a actualisé ses perspectives à la mi-septembre.

En fait, tous les économistes ont révisé à la baisse leurs prévisions, compte tenu du choc de compétitivité intervenu via le renchérissement des cours de l’énergie : le Crédit Agricole estime à 6 points de PIB le surplus d’importations énergétiques cette année puis à plus de 3 points supplémentaires en 2023.

Récession industrielle outre-Rhin

L’économie allemande, particulièrement dépendante des approvisionnements en gaz russe, est peut-être déjà entrée en récession. Dans le secteur industriel, la production réalisée par les entreprises à forte intensité énergétique a reflué de 9 % entre février et août 2022, selon Destatis, et, l’excédent extérieur de marchandises a fondu de plus de moitié depuis le début 2021. La richesse nationale pourrait diminuer à hauteur de 0,5 % en moyenne annuelle 2023 après + 1,7 % cette année, anticipation proche de celle retenue par l’institut IFO (- 0,3 %) ; ces scénarii se révèleraient d’ailleurs trop optimistes dans le cas où notre voisin n’échapperait pas à une pénurie de gaz cet hiver. Dans ce contexte, un plan de soutien de 200 milliards d’euros sur plusieurs années a été dévoilé il y a quelques jours par le gouvernement (incluant un plafonnement des prix de l’énergie), moins d’un mois après l’annonce d’aides à hauteur de 65 milliards (à destination des ménages les plus modestes). Comme partout, l’inflation a en effet dérapé outre-Rhin, atteignant le seuil de 10 % pour la première fois depuis 7 décennies, mouvement qui entraînerait une nouvelle réduction du pouvoir d’achat des revenus nets en 2022 après celle déjà relevée l’exercice précédent. L’Allemagne se distingue toutefois des autres grandes économies du continent par sa moindre dette publique (celle-ci représentait un peu plus de 69 % du PIB l’an passé contre 113 % en France et 151 % en Italie), elle-même permise par des excédents enregistrés chaque année entre 2014 et 2019.

 

Crise de confiance au Royaume-Uni fin septembre

Au Royaume-Uni, ce sont précisément des décisions relatives aux finances publiques (gel des factures d’énergie sur 2 ans pour les ménages, baisse de la taxe sur les transactions immobilières et du taux maximal d’impôt sur le revenu) qui ont conduit à une dégradation brutale des conditions de financement de l’État et à une intervention dans la foulée de la banque centrale. Très rapidement, le gouvernement britannique – dont le budget n’avait pas été soumis à un chiffrage comme c’est le cas habituellement – a fait partiellement marche arrière, ramenant un calme relatif sur les marchés de taux. Les ventes de détail ne résistent pas aux pressions inflationnistes (- 5,5 % en glissement annuel en août dernier), bien que les salaires nominaux accélèrent nettement et que le taux de chômage demeure à ce stade sous la barre des 4 % de la population active.

Vers un freinage de la demande interne en France

L’économie française a jusque-là bien résisté aux vents contraires, à l’image des investissements productifs qui ont augmenté pour le huitième trimestre consécutif au printemps 2022. Sans forcément décliner, il est probable que ceux-ci décélèrent en ligne avec la remontée des taux d’intérêt et la dégradation de la conjoncture européenne, tandis que la consommation des ménages n’évoluerait guère l’an prochain à la faveur d’une nouvelle diminution du taux d’épargne. Au total, Rexecode retient une hypothèse centrale de stagnation du PIB en 2023, laquelle s’accompagnerait d’un arrêt des créations nettes d’emplois après une progression de 3 % en 2021 et en 2022. Compte tenu des incertitudes très larges liées à la durée du conflit en Ukraine, la Banque de France a, de son côté, choisi cette fois de retenir un intervalle pour l’évolution du PIB l’an prochain : entre – 0,5 % et + 0,8 %… Dans ce contexte, le déficit public s’élargirait, entraînant une remontée d’un point de la dette exprimée en proportion de la richesse nationale (environ 112,5 %).

Chiffres clés :
  • + 3,3 % : variation sur 1 an du PIB de la zone euro en 2022 (prévision Rexecode)
  • 0 % : variation sur 1 an du PIB de la zone euro en 2023 (prévision Rexecode)
  • 7 : rapport entre les prix de marché du gaz naturel en Europe et aux Etats-Unis en septembre
  • +43 % : variation sur 1 an des prix à la production de l’industrie sur le marché intérieur en zone euro en août
  • +10 % : variation sur 1 an des prix à la consommation en zone euro en septembre 2022
  • 1,25 % : taux de refinancement de la BCE à partir du 14 septembre
  • 6,6 % : taux de chômage dans la zone euro en août
  • 1 € = 0,98 $ : taux de change des deux devises le 17 octobre

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Mathieu PERAUD

Délégué Général

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