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COVID-19 : La conjoncture en France en avril 2020
Au 23 avril en France, l’activité des entreprises relevant des secteurs marchands était inférieure de moitié à son niveau d’avant le confinement.
Le volume des investissements productifs pourrait plonger d’un quart en moyenne annuelle 2020.
Le taux d’épargne des ménages, qui avait déjà augmenté dans l’après « gilets jaunes », s’envole.
Les personnes concernées par le chômage partiel représentent désormais 57 % du nombre total des salariés du secteur privé.
Comme partout ailleurs, le gouvernement déploie des mesures d’urgence de grande ampleur, sans doute suivies d’un plan de relance d’ici quelques semaines.
Dans sa note de conjoncture parue il y a quelques jours, l’Insee estimait la perte d’activité subie par
tous les grands secteurs de l’économie française en cette période de confinement. Globalement, les
chiffres (qui proviennent pour partie des remontées des fédérations professionnelles) sont conformes à
ceux diffusés plus tôt en avril : l’activité serait actuellement inférieure de l’ordre de 40 % à la normale
dans l’industrie, moyenne qui recouvre notamment des baisses de 80 % dans le raffinage et de 72 %
dans les matériels de transport, mais, de 5 % dans l’agroalimentaire par exemple. Dans la mécanique, le volume de la production a diminué de 35 % entre février et mars et de 60 % en avril selon de premières estimations ; les commandes se sont globalement repliées d’environ 40 % le mois dernier.
Le choc pour les entreprises françaises, d’une ampleur exceptionnelle, se manifestera également dans
l’évolution de leurs marges : la valeur ajoutée se contracte nettement plus que les rémunérations
versées, de sorte que le résultat d’exploitation des sociétés non financières pourrait décliner
d’environ 120 milliards d’euros par rapport à 2019 selon la dernière évaluation de Rexecode, ce
alors même que les cours pétroliers sont tombés à un plus bas depuis près de vingt ans (à proximité
des 20 dollars par baril pour le Brent). La contraction des investissements des entreprises pourrait
ressortir à 27 % en volume, en regard d’une baisse de « seulement » 12 % en 2009. Dans l’industrie, une correction plus sévère est possible, même si la crise actuelle conduira sans doute à un accroissement des dépenses en informatique (en liaison notamment avec l’intensification du télétravail, et, des cyberattaques).
Une chute du PIB peu éloignée de 10 % en 2020
Selon une première estimation publiée ce jour, le PIB français a cédé près de 6 % lors des trois premiers mois de 2020, après un léger reflux à la fin 2019 lié aux grèves de décembre. Tous les postes affichent sans surprise un déclin sans précédent, à l’exception de la variation des stocks qui apporte une contribution positive. La chute sera nettement plus violente encore au printemps, compte tenu d’une durée de confinement plus élevée.
Tous les prévisionnistes qui ont actualisé leur modèle macro-économétrique récemment envisagent
une réduction minimale du PIB de 7 % en moyenne annuelle 2020, voire de l’ordre de 9 % pour
certains. La manière dont le déconfinement s’opèrera devra donner lieu à de nouvelles estimations
à cadence régulière, tenant compte de la capacité du système productif à se redresser malgré les
contraintes sanitaires et l’affaiblissement prononcé de la demande finale. Au-delà du choc de cette
année, l’ampleur de la reprise espérée pour 2021 apparaît comme une question cruciale : en fait, elle
varie du simple au double selon les scénarios, mais, dans tous les cas, fin 2021, le PIB serait au mieux
égal à son niveau enregistré à la fin 2019. En l’absence de pandémie, la croissance aurait probablement atteint un peu plus de 2 % en deux ans ; comme à l’issue de chaque crise économique, la croissance potentielle devrait s’affaiblir.
En savoir plus : conjoncture_france_30042020