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Conjoncture du marché du travail en France en mai 2020 : la chute !
La chute d’activité intervenue depuis la mi-mars n’aura pas seulement de répercussions à court terme sur le marché du travail. La montée du chômage n’en n’est qu’à ses prémices, puisqu’il faudra un temps certain pour que l’offre productive se rétablisse dans notre pays, et, que des faillites d’entreprises seront inévitables.
Plongeon de 74 % des recrutements en deux mois
Entre la fin décembre 2019 et la fin mars 2020, le nombre total d’emplois dans le privé a diminué de plus de 450 000 en France, selon une première estimation de l’Insee. Ce mouvement s’explique surtout par la contraction observée dans les services (le détail par secteur d’activité sera dévoilé le 11 juin). Les seuls effectifs intérimaires, qui y sont par convention comptabilisés, ont décliné de près de 300 000, retombant à leur plus bas niveau depuis dix ans et demi. Précisons que, ces derniers trimestres déjà, l’emploi intérimaire réaffecté à l’industrie s’était infléchi en ligne avec l’amorce d’une récession industrielle (dans l’automobile notamment). Hors intérim, l’emploi industriel a diminué de 10 000 environ au premier trimestre, soit de 0,3 %.
Montée brutale du chômage
Le nombre de chômeurs de catégorie A (qui n’ont pas du tout travaillé au cours du mois) a bondi de près de 250 000 entre fin février et fin mars 2020, hausse relativement homogène dans toutes les régions de France et qui provient pour moitié de demandeurs d’emploi répertoriés en catégories B ou C jusqu’au 15 mars (personnes en activité réduite) ; l’autre moitié tient à des demandeurs qui n’étaient pas du tout inscrits à Pôle emploi. La progression des entrées s’explique surtout par la hausse des fins de mission d’intérim, alors que le nombre de licenciements n’aurait quasiment pas varié. Dans le même temps, les sorties des listes de l’établissement public ont chuté, sous l’effet notamment des défauts d’actualisation de la situation des chômeurs en dépit des relances de Pôle emploi. L’augmentation du chômage concerne surtout des personnes à la recherche d’un métier dans la construction, dans les services à la personne, dans l’hôtellerie et le tourisme, ainsi que dans le transport et le commerce (la déclinaison précise par métier n’est pas publiée).
Un quart des effectifs en télétravail
Selon une enquête menée début mai par la Dares auprès de 38 000 établissements, un tiers des effectifs des secteurs marchands non agricoles travaillaient sur site fin avril 2020 en France (un quart fin mars). Un quart environ était en télétravail, en regard de seulement 3 % pour ceux qui y avaient recours au moins une fois par semaine en 2017 ; le ratio apparaît même nettement plus élevé dans certains secteurs : 65 % des salariés dans l’information-communication et 54 % dans la finance-assurance, dans lesquels le travail à distance était déjà nettement plus répandu avant la crise.
Le chômage partiel vers un palier
L’activité partielle, décomptée à partir des demandes d’autorisation préalable, a concerné plus de 10 millions de salariés au 17 avril puis 11 millions au 23 avril puis 12 millions au 4 mai et 12,7 millions au 18 mai. Au total, ce sont 5,45 milliards d’heures chômées qui ont été demandées auprès des Direccte, soit environ 430 heures par salarié ; en fait, le nombre de salariés effectivement placés en chômage partiel est nettement moins élevé : à fin avril, il était inférieur de 3,2 millions au nombre de salariés pour lesquels une demande préalable avait été effectuée.
En savoir plus : conjoncture_du_marche_du_travail_25 mai 2020