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Conjoncture des industries des métaux

La croissance économique mondiale resterait supérieure à 3 % cette année selon l’OCDE, qui a actualisé il y a peu son scénario macroéconomique. Elle surprend plutôt positivement, stimulée par l’Inde (investissements publics), la Russie (économie de guerre), et, les Etats-Unis, où la robustesse de l’activité et la vigueur prolongée de l’inflation (+ 5,3 % sur un an pour les services en avril 2024) pourraient retarder la réduction des taux directeurs.

En Chine, le secteur industriel reste très dynamique, à l’image des crédits distribués au secteur : + 24 % sur un an au premier trimestre 2024. La production est largement exportée, les surcapacités conduisant à des gains de compétitivité-prix très nets par rapport aux autres grandes zones. Le pays voit ses excédents extérieurs gonfler massivement, alors même que ses ventes à destination des Etats-Unis ont décroché depuis 2018. Le découplage de ces deux économies n’est qu’apparent puisque les produits chinois transitent d’abord ailleurs (Vietnam et Mexique notamment), avant d’être acheminés outre-Atlantique.

En zone euro, les chiffres du PIB pour le premier trimestre 2024 sont positifs dans tous les pays, même si, en Allemagne, il s’agit seulement d’un rattrapage partiel puisque le PIB a grimpé de 0,2 % après – 0,5 % au quatrième trimestre 2023. Il y dépasse tout juste son niveau d’avant la pandémie, contre + 3,7 % en Espagne, + 4,6 % en Italie et + 2,2 % en France. Globalement, l’expansion en zone euro ressortirait à seulement 0,8 % en moyenne annuelle selon la Commission européenne, mieux tout de même que le résultat enregistré en 2022 (+ 0,4 %). A présent, la hausse passée des taux directeurs ne se transmet plus aux taux d’intérêt sur les nouveaux crédits, qui amorcent un léger reflux en toute fin de période.

En France, dans le contexte de prix élevés de l’électricité et du gaz facturés aux entreprises compte tenu des contrats négociés en 2022 et 2023 pour cette année, la production industrielle du premier trimestre 2024 reste dans certains cas en net retrait par rapport à celle du deuxième trimestre 2021 (le dernier avant que les prix de l’énergie n’augmentent fortement), comme dans la sidérurgie (- 25 %), les produits chimiques de base (- 12,5 %), la fabrication de pâte à papier, (- 11 %) et celle de verre (- 11 % également). Sur la période, l’activité s’est au contraire montrée dynamique dans les matériels de transport (malgré l’inflexion récente dans l’automobile) et les biens d’équipement électroniques (de navigation et d’électronique médicale). Les difficultés d’approvisionnement sont globalement maîtrisées mais restent significatives dans les matériels de transport, où, plus d’un quart des chefs d’entreprise en éprouvaient au mois d’avril 2024, selon la Banque de France. Enfin, les carnets de commandes se situent en deçà de leur moyenne de long terme dans la grande majorité des branches, et, le solde d’opinions des industriels sur leurs prix de vente est désormais négatif, ce qui n’était plus arrivé depuis près de quatre ans.

La bonne surprise des comptes nationaux est venue des dépenses des entreprises en capital fixe, puisque le repli enregistré à la fin de l’an passé ne s’est pas prolongé d’après une première estimation délivrée fin avril par l’Insee. Lors des trois premiers mois de 2024, elles ont grimpé de 0,5 % dans l’Hexagone, stimulées par les investissements dédiés aux logiciels-R&D (+ 2 %), de sorte que ceux-ci surpassent de 36 % leur marque de la fin 2019. A l’inverse, les achats de biens d’équipement sont restés défavorablement orientés en ligne avec le recul des importations. De son côté, la variation des stocks a globalement de nouveau amputé l’activité au début 2024 (- 0,2 point) : le solde d’opinions des industriels sur leurs stocks a, il est vrai, décroché en février-mars (avant de rebondir au mois d’avril pour retrouver sa norme passée).

La contribution du commerce extérieur à la croissance du PIB s’est révélée nulle au premier trimestre 2024. D’un côté, les exportations ont progressé de 0,5 % en volume, majoritairement grâce aux biens intermédiaires : produits chimiques, parfums et cosmétiques, et, produits métalliques. De l’autre, les achats à l’étranger, largement plus élevés en € courants, se sont appréciés de 0,2 % malgré la réduction des importations de biens d’équipement pour le troisième trimestre consécutif ; les seuls approvisionnements en énergie se sont partiellement redressés, le renchérissement observé pour les produits raffinés faisant plus que compenser le repli pour les hydrocarbures naturels. Au total, le déficit extérieur de biens et services tel que mesuré par les comptables nationaux est estimé à 5,8 milliards d’€ lors des trois premiers mois de l’exercice en cours, montant proche de celui relevé en moyenne chaque trimestre avant la pandémie.

Selon une première évaluation délivrée par l’Insee, les effectifs de l’industrie se sont raffermis de 6 400 au premier trimestre 2024, après 8 600 fin 2023 (le détail sectoriel sera connu le 31 mai). Dans la métallurgie – reconstituée par excès en agrégeant les codes CH à CM de la nomenclature d’activités -, près de 3 000 créations nettes de postes sont intervenues au quatrième trimestre 2023, une progression quasi continue depuis la fin 2020. Par ailleurs, selon des données provisoires fournies par l’Unédic, un peu plus de 16 000 salariés de la métallurgie ont été placés en activité partielle en février 2024, correspondant à 2 800 équivalents temps plein.

Les difficultés de recrutement restent très significatives mais apparaissent moins marquées si l’on en croit les résultats de l’enquête annuelle sur les mouvements de main d’œuvre publiée récemment par France Travail. Ceux des enquêtes réalisées par l’Insee vont dans le même sens : 52 % des industriels interrogés en avril jugeaient difficile de procéder à une embauche, en regard d’un ratio de 65 % un an auparavant.

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Mathieu PERAUD

Délégué Général

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