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Comptes des agents économiques français : des mouvements spectaculaires

La crise sanitaire a eu des effets immédiats sur les comptes des acteurs économiques, propulsant l’épargne des Français à des niveaux inédits alors que les résultats des entreprises ont amorcé un franc repli. Nous proposons ici une brève analyse de la situation des trois grandes familles d’agents, à savoir les ménages, les entreprises et les administrations publiques, rédigée dans une note par l’UIMM.

Préservation des revenus des ménages

À partir du confinement, imposé sur tout le territoire à partir du 17 mars, les achats des Français ont été largement contraints. Selon les statisticiens de l’Insee, en avril, ceux-ci étaient inférieurs d’un tiers par rapport à une période « normale », principalement en raison de la chute des dépenses en hébergement-restauration, en automobiles et en autres produits industriels (habillement par exemple).

Le taux d’épargne, rapportant l’épargne financière (comptes courants, dépôts, titres) et non financière
(investissement en logements) aux revenus après impôts a donc, comme un peu partout dans le monde, brutalement augmenté : au premier trimestre 2020 (dernier chiffre disponible), il a approché 20 % dans l’Hexagone, en regard d’à peine 15 % en moyenne ces dix dernières années ; le ratio pourrait même s’envoler à proximité des 30 % au printemps, avant de refluer ensuite mais en demeurant haut (dans son scénario économique central, la Banque de France retient 16,6 % pour l’exercice 2021).

Retournement des marges des entreprises

Les quinze jours de confinement durant le mois de mars ont entraîné un plongeon d’environ 47 milliards d’euros de la production des sociétés non financières installées en France au premier trimestre 2020 (hors entreprises individuelles). Compte tenu de la diminution concomitante des achats d’intrants, la perte de valeur ajoutée est estimée à 20 milliards par l’Insee, soit – 6,3 % par rapport au quatrième trimestre 2019. C’est déjà plus que la contraction observée en 2008-2009, période qui avait vu la valeur ajoutée céder 5 %… en cumulé sur sept trimestres. Les secteurs de l’hébergement-restauration, de la construction, des services aux ménages et des matériels de transport ont connu une baisse d’activité particulièrement marquée.

Les rémunérations versées ayant peu varié, ce sont les résultats d’exploitation qui ont été affectés, retombant sur leur niveau de 2014. Le taux de marge des sociétés non financières a donc décroché de 4 points au premier trimestre 2020 – s’inscrivant à 29,4 % de la valeur ajoutée – après un exercice 2019 où la coexistence du CICE et de l’abaissement des cotisations employeurs l’avait stimulé ; ce mouvement doit surtout être relié à la dégradation de la productivité par tête, le plongeon de l’activité s’accompagnant d’un relatif maintien des effectifs.

Boom des dépenses publiques mais surtout de moindres recettes

Au total, les dépenses publiques grimperaient de l’ordre de 6,5 % en 2020 dans notre pays, en regard de + 1,7 % l’an en moyenne depuis le début de la décennie ; elles représenteraient plus de 63 % du PIB, après 54 % lors des deux exercices précédents.

En savoir plus : Comptes des agents économiques_juillet 2020