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ALTERNANCE : OBJECTIF 2023 ATTEINT DANS LA MÉTALLURGIE !

Profondément réformé par la loi « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel » du 5 septembre 2018, l’apprentissage atteint le niveau historique de 852 000 nouveaux contrats signés en 2023, auquel il convient d’ajouter 116 000 nouveaux contrats de professionnalisation. Au total, le nombre d’alternants s’élève à un peu plus de 1,1 million (stock) en France.

Afin d’atteindre l’objectif présidentiel de 1 million de nouveaux apprentis par an, jamais l’apprentissage n’a bénéficié d’un tel soutien des pouvoirs publics !

La métallurgie n’est pas en reste puisqu’elle atteint presque 80 000 alternants en « stock » au 31/12/23, dépassant l’objectif de 75 000 alternants fin 2023. Désormais, une entreprise sur trois dans la branche emploie au moins un alternant. Historique également !

Le succès de la réforme de 2018 repose finalement sur deux ingrédients décisifs : une politique de l’offre et un accompagnement financier massif

Ainsi, les raisons de cette forte progression de l’apprentissage sont multiples : suppression des autorisations administratives préalables pour ouvrir des formations par apprentissage ; libéralisation de l’offre qui a permis de passer de 950 CFA à plus de 3 000 ; substitution avec les contrats de professionnalisation et avec d’autres filières d’enseignement ; effet incitatif des aides aux employeurs (6 000 € actuellement) à l’embauche des apprentis.

Les aides aux apprentis (salaires, exonération de cotisations salariales, permis de conduire, mobilité internationale, logement, premiers équipements, transports en commun…) et la gratuité de la formation par apprentissage sont également de puissants leviers incitatifs.

Parallèlement, l’essor spectaculaire de l’apprentissage dans l’enseignement supérieur public et privé a revalorisé définitivement l’image de l’apprentissage et a permis d’élargir considérablement le champ des publics qui s’orientent vers cette voie, alors même que l’intérêt des entreprises pour cette modalité de formation ne se dément pas.

Le coût de l’alternance pour les finances publiques en 2022 est estimé à 17 milliards € (source : Cour des Comptes), soit une augmentation de 300% en 3 ans !

Un niveau historique d’alternants dans la branche

Dans ce contexte exceptionnellement favorable, la métallurgie présente, en 2023, un niveau historique d’alternants dans la branche.

Quelques chiffres pour illustrer ce bilan positif :

  • Près de 80 000 alternants : 73 000 apprentis et près de 7 000 contrats de professionnalisation en stock au 31/12/23 ;
  • Près de 15 000 entreprises emploient au moins un alternant, soit 1/3 des entreprises de la branche ;
  • Plus de 1 500 organismes de formation par apprentissage (OFA) forment les apprentis de la branche ;
  • Niveaux de formation des apprentis : seulement 21% en CAP et Bac pro, et près de 80% post-bac (dont 60% bac+3 et plus) ;
  • 2/3 des alternants suivent une formation technique ou informatique, et 1/3 une formation « tertiaire ».

La politique de branche a su soutenir et accompagner cette évolution en saisissant toutes les opportunités.

Tout d’abord, la CPNEFP de la métallurgie a pleinement pris ses responsabilités en déterminant des Niveaux de Prises En Charge (NPEC) financière des contrats d’apprentissage raisonnables, à partir d’une méthodologie robuste, des critères objectifs et avec le souci de respecter une enveloppe financière soutenable.

Ensuite, la Convention Collective Nationale de la métallurgie du 7 février 2022 a maintenu des dispositions particulières applicables aux salariés titulaires d’un contrat en alternance, plus favorables que celles prévues par le Code du travail pour renforcer l’attractivité de la branche, et a simplifié les modalités de classements des alternants.

Enfin, au sein des instances d’OPCO 2i, les partenaires sociaux ont fixé des règles financières afin de soutenir la mobilité internationale des apprentis, d’aider à la mise à disposition d’un premier équipement pour les apprentis, de prendre en charge une partie du coût de la fonction tutorale dans les TPE, de financer la formation des maîtres d’apprentissage et surtout, de subventionner les investissements immobiliers et d’équipements des CFA (plus de 250 projets soutenus par la branche depuis 2020 pour 120 M€).

Une politique patronale et une mobilisation pour des résultats significatifs

En parallèle, la politique patronale UIMM et la mobilisation de son réseau territorial (CST, Pôles formation UIMM, CESI, ITII…) ont permis également d’obtenir des résultats significatifs.

Les Pôles formation UIMM forment désormais 36 000 apprentis pour toutes les industries et au-delà, en maintenant une offre de proximité avec leurs 135 sites de formation, sans compter la centaine d’écoles partenaires (lycées, IUT, universités, écoles d’ingénieurs…). Pour la branche de la métallurgie, ils forment à eux seuls 27% des apprentis, en grande majorité dans des formations techniques ou informatiques, constituant ainsi le premier réseau de CFA de la branche, loin devant celui des universités (8%), de Formasup (6%), des CCI/CMA (4%) ou de CESI (3%).

De plus, le réseau ITII continue à se développer depuis 2019 avec 82 écoles d’ingénieurs partenaires et 135 filières de formation, pour atteindre 10 000 apprentis ingénieurs en formation et 3 500 diplômés par an.

CESI n’est pas en reste avec 28 000 étudiants par an, dont 17 200 apprentis, sur 25 campus.

Enfin, les campagnes de communication de l’UIMM et des chambres syndicales (métiers « chaudronnier, soudeur, technicien de maintenance », #FiersDeFaire…), les partenariats avec des événements nationaux et territoriaux (Semaine de l’industrie, WorldSkills…), les actions régionales/territoriales des CSR/CST (salons des métiers, JPO, collèges, lycées, universités et IUT, écoles d’ingénieurs, écoles de production, Geiq industries…) contribuent à améliorer l’attractivité des métiers industriels comme de l’alternance. Il en est de même avec la campagne OPCO 2i « Avec l’industrie, on a un avenir à fabriquer ».

Quel avenir pour l’apprentissage ?

Pour autant, de nombreuses questions se posent en 2024 et pour les prochaines années :

  • Quid du financement de l’apprentissage ?
  • Quid du financement de la prime aux employeurs ?
  • Sommes-nous arrivés à un « plateau » sur le plan quantitatif ?

L’annonce d’une baisse de 200 M€ des NPEC des contrats d’apprentissage interroge dans un contexte où un « effet ciseaux » déstabilise le modèle économique de certains CFA, entre hausse des coûts (masse salariale, énergies, matières premières, amortissement des investissements…) et baisse des recettes.

De même, le déficit structurel de France compétences depuis sa création en 2019, atteint probablement 15 milliards d’euros. Et pour 2024, le budget prévisionnel 2024 affiche encore 1 milliard € de déficit… Or, ce déficit structurel est dû à plus de 90% à l’alternance et au CPF. Comment résoudre cette équation financière alors que les entreprises versent déjà près de 11 milliards d’euros par an au titre de la CUFPA (Contribution Unique pour la Formation Professionnelle et l’Apprentissage) ? Il y a urgence à assurer la soutenabilité financière du système.

La question d’un meilleur ciblage de la prime aux employeurs (6 000 € pour la 1ère année des contrats d’alternance) est également posée, visant selon les hypothèses une baisse généralisée, la taille d’entreprise et/ou les niveaux de formation.

Enfin, la faible évolution du nombre de contrats d’apprentissage signés en 2023 (+1,9%) contre +38,1 % en 2021 et +14,1 % en 2022, démontre un tassement et probablement un palier dans la croissance du nombre d’apprentis en France.

L’UIMM poursuivra en 2024, ses efforts pour convaincre :

  • Que la mise en œuvre d’une minoration pour le financement des CFA publics est nécessaire pour rétablir une forme d’équité entre CFA ;
  • Que la pérennité du système de financement de l’apprentissage est possible sans augmenter la pression fiscale (CUFPA) sur les entreprises ;
  • Qu’une nouvelle méthodologie simple, compréhensible, stable et responsabilisante est indispensable pour déterminer les niveaux de prises en charge des contrats ;
  • Que l’éligibilité à l’apprentissage des CQP inscrits au RNCP est une opportunité supplémentaire pour poursuivre le développement de l’apprentissage, au bénéfice des jeunes et des entreprises.