Dans un contexte de mutations profondes et de crises aigues, l’industrie française est plus que jamais le dénominateur commun des solutions aux aspirations des Français.
Jérôme Fourquet, directeur du pôle « Opinion » de l’Ifop, le dévoilait en avant-première ce 9 mars à l’occasion de notre événement #France2027 avec les résultats d’un sondage réalisé pour l’UIMM.
Pour 93% des Français, la réindustrialisation entrainerait une augmentation de l’activité économique sur le territoire, ainsi que des créations d’emplois, notamment pour les jeunes, et, par conséquent, une baisse du chômage.
Pour répondre à ces aspirations et relever le défi de la réindustrialisation, le secteur doit impérativement disposer sur le marché du travail de personnes qualifiées et compétentes pour innover, créer et produire.
Or, nos entreprises nous le rappellent chaque jour, alors que leurs besoins en recrutement sont évalués entre 120 000 et 130 000 en moyenne par an dans la métallurgie, et 250 000 dans toute l’industrie, le secteur dans sa globalité est confronté à une pénurie de main d’œuvre.
Cette dernière, qui s’explique en partie par l’inadéquation de l’offre et de la demande sur le marché du travail, connaît une acuité encore plus forte depuis la rentrée. S’il y avait 50 000 postes à pourvoir dans l’industrie avant la crise, ils sont aujourd’hui de l’ordre de 70 000, dont 30 000 à 35 000 dans la métallurgie, selon les dernières évaluations du ministère de l’industrie.
Le dynamisme de la reprise économique accentue encore en effet les difficultés de recrutement que connaissent certains secteurs, comme les métiers de la métallurgie.
Ces chiffres confirment l’enquête 2021 sur les besoins en main-d’œuvre de Pôle emploi. Ainsi, 20 métiers industriels connaissent un taux de difficulté à recruter entre 60 % et 90 % C’est le cas pour les chaudronniers, les soudeurs, les agents et techniciens de maintenance, les régleurs, les dessinateurs en électronique et électricité…
Dans le même temps, si le taux de chômage est au plus bas depuis 15 ans, certains demandeurs d’emploi restent durablement éloignés du marché du travail.
C’est pourquoi le Gouvernement a annoncé à l’automne 2021 la mise en place d’un plan de réduction des tensions de recrutement, mobilisant près d’1,4 milliard d’euros, dont 800 millions dédiés à la formation des demandeurs d’emploi, en particulier ceux de longue durée, aux compétences recherchées par les entreprises qui recrutent.
La mise en œuvre de ce plan passe par la mobilisation des branches professionnelles, en première ligne pour analyser les besoins en compétences de leurs entreprises et amener les demandeurs d’emploi vers les métiers qui recrutent.
La branche de la métallurgie est l’une des premières à s’être mobilisée dans ce cadre. Forte de notre expérience dans les territoires, l’UIMM a abouti à un accord avec trois organisations syndicales de la branche (CFDT, CFE-CGC et FO). Ensemble, nous avons travaillé pendant plusieurs mois avec l’Etat pour aboutir au Pacte qui a été officiellement signé en présence de la Ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion, ce vendredi 11 mars.
La signature de ce Pacte, en déclinaison du plan de réduction des tensions de recrutement, revêt une importance toute particulière, car elle signifie :
- Une mobilisation volontariste de l’Etat, des acteurs du service public de l’emploi, des Régions, aux côtés de nos Uimm territoriales et des entreprises de la métallurgie pour leur apporter des solutions concrètes de recrutement.
- La mobilisation des entreprises qui recrutent et la nécessité de leur expliquer qu’il faut désormais diversifier le sourcing des candidats en formant des demandeurs d’emploi de longue durée.
- Enfin, la possibilité d’expérimenter grâce aux aides exceptionnelles mobilisées par l’Etat pour les employeurs et pour les demandeurs d’emploi.
Concrètement, la mise en place de ce plan de réduction des tensions de recrutement au sein de notre secteur implique que l’Etat s’engage à agir pour :
- Amplifier l’offre de formation conçue avec les entreprises pour répondre aux besoins en compétences du secteur, via les méthodes de préparation opérationnelle à l’emploi individuelle et d’action de formation préalable au recrutement.
- Mettre en place des ingénieries agiles pour répondre aux besoins dans un délai court: financement de parcours certifiants démarrés sous le statut de demandeur d’emploi et finalisé sous le statut de salarié, financement de parcours de formation en situation de travail…
- Mobiliser les opérateurs du service public de l’emploi afin de proposer des approches ciblées et territorialisées de promotion des offres d’emploi.
Les acteurs de la branche de la métallurgie s’engagent, eux, à mobiliser les entreprises du secteur pour :
- Intégrer les demandeurs d’emploi de longue durée dans leurs recherches de candidats. Les outils du plan de réduction des tensions de recrutement pour remobiliser et former les demandeurs d’emploi aux métiers qui recrutent seront mobilisés par le service public de l’emploi.
- Accueillir davantage de jeunes et de demandeurs d’emploi pour la réalisation de temps d’immersion, de stages professionnels et d’alternance, via des périodes de mise en situation professionnelle type PMSMP, qui permettent à l’entreprise de repérer les bons candidats et aux demandeurs d’emploi de découvrir des métiers, notamment dans le cadre du parcours de remobilisation des demandeurs d’emploi de longue durée.
- Accueillir des personnes en recherche d’emploi, et notamment des demandeurs d’emploi de longue durée, en préparation opérationnelle à l’emploi individuelle, en action de formation préalable au recrutement ou en contrat de professionnalisation.
Pour ce faire, les UIMMs en Bretagne ont décidé de se porter candidate pour expérimenter ce pacte dans notre territoire breton et notamment sur l’assouplissement et la simplification des POEC interentreprises (formation certifiante sur mesure à un métier – CQP).
En parallèle, la branche poursuivra sa démarche pour renforcer l’attractivité de ses métiers en travaillant sur l’ensemble des facteurs améliorant les environnements de travail et renforçant la qualité de l’emploi : contenu des métiers, mobilité professionnelle, gestion et lisibilité des parcours professionnels…
A l’UIMM 35-56, c’est ce que nous réalisons concrètement avec les Rencontres industrielles avec 4 dates en 2022 et en partenariat avec AJIR Bretagne, pour la promotion des métiers industriels : https://www.rencontresindustrielles.com/
Notre ambition est de faire en 2022 avec les demandeurs d’emploi de longue durée aussi bien qu’avec l’alternance en 2021 !
- +24% de nouveaux contrats d’apprentissage
- +21% de nouveaux contrats de professionnalisation, dont 50% sont des demandeurs d’emploi longue durée
- Soit au total plus de 66 100 alternants dans la branche fin 2021.
Nous avons en effet la conviction qu’il n’y a pas de fatalité, mais au contraire une réelle opportunité avec ce Pacte d’encourager la mobilisation de tous les acteurs autour du même objectif : réduire les tensions de recrutement auxquelles sont confrontées les entreprises de la métallurgie. Les aides exceptionnelles annoncées par le gouvernement seront un levier supplémentaire et incitatif pour expérimenter en 2022 la formation de demandeurs d’emploi longue durée dans des métiers qui recrutent.