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Chiffres clés : Crise, rebond et relance

D’un point de vue strictement comptable, l’économie française aura connu un choc en 2020 a minima trois fois plus marqué qu’en 2009. Un rebond interviendra mécaniquement l’année prochaine, marquée dans le même temps par la mise en œuvre de la première tranche d’un plan de relance tourné vers la compétitivité des entreprises industrielles.

  • 200 000 salariés en activité partielle dans l’industrie en août 2020;
  • Recrutement de plus d’un mois dans l’industrie en septembre 2020 : – 4%
  • Evolution du PIB en France en 2020 (REXECODE) : – 9%
  • Solde public en % du PIB en 2020 (REXECODE) : – 9.8%
  • Marge d’exploitation dans l’industrie sur un an au T2 2020 : – 45%

Une perte d’activité de moitié dans les secteurs marchands

Pendant le confinement, l’Insee, qui a travaillé étroitement avec les fédérations professionnelles, a chiffré la perte d’activité des entreprises tricolores à environ un tiers par rapport à la normale. En excluant les secteurs non marchands et les loyers (par nature peu cycliques), celle-ci aurait atteint environ 45 % : l’industrie comme les services ont subi une chute comparable (respectivement – 36 et – 38 %), alors que le secteur de la construction a connu un plongeon de l’ordre de 75 %. Malgré les spécificités propres à chaque région, toutes ont subi une correction du même ordre, au moins en métropole.

Si les ménages français ont considérablement renforcé leur épargne au deuxième trimestre 2020 (celle-ci est ressortie à 27 % de leurs revenus après impôts soit quasiment deux fois plus que d’habitude), les entreprises ont aussi largement privilégié les dépôts bancaires. Un reflet d’une conversion liquide et temporaire ainsi qu’une forte montée de leur endettement via les prêts garantis par l’État. Parallèlement, ces dernières ont enregistré une baisse sans précédent de leurs résultats d’exploitation. Tandis que, la perte de valeur ajoutée a pour l’essentiel été absorbée (- 61 milliards d’euros pour les marges des sociétés non financières au premier semestre, correspondant à une chute de 7 points du taux de marge, retombé à 26 %).

Quelques indicateurs encourageants dans l’industrie

Dans l’industrie, les chefs d’entreprise des secteurs « amont » de la métallurgie ainsi que ceux de l’aéronautique, interrogés fin août-début septembre, jugeaient leur niveau d’activité inférieur de l’ordre d’un quart par rapport à la normale. D’autres indiquaient que celle-ci s’était sensiblement améliorée (automobile) ou était demeurée proche de la situation relevée jusqu’en février (chimie, agro-alimentaire).

Globalement, les carnets de commandes se redressent bien et que ceux provenant de l’étranger restent très faibles. Au moins deux indicateurs apparaissent relativement préservés au vu de la brutalité du retournement conjoncturel.

  • D’abord, les dépenses d’investissement : pour le moment, les industriels envisagent une contraction de 11 % en valeur en 2020, c’est-à-dire un peu moins que la baisse effectivement enregistrée en 2009 alors même que la chute du PIB avait été nettement moins sévère à cette époque. Cette estimation pourra bien sûr être revue courant octobre mais il semble que les projets d’investissement reportés ou annulés seront au final moins nombreux que ne le laissaient craindre les enquêtes menées en avril-mai.
  • Ensuite, les embauches hors intérim pour un contrat de plus d’un mois dans l’industrie ont quasiment retrouvé leur niveau qui était le leur jusqu’au début 2020. L’Insee anticipe une augmentation des emplois salariés d’environ 20 000 au deuxième semestre, après un repli proche de 40 000 au premier.

Des annonces politiques favorables au tissu productif

Pour 2021, les prévisions d’investissement et d’emploi dans l’industrie ne sont pas encore disponibles. L’incertitude liée à la situation sanitaire rendant toute projection ô combien fragile.

Pour autant, l’exercice à venir sera marqué par la mise en œuvre du plan de relance prévoyant notamment une réduction de la fiscalité de production, réclamée de longue date car défavorable au secteur industriel. Celle-ci s’élèvera au total à 10 milliards d’euros sur l’année (3,7 à 4,5 milliards pour l’industrie) et consistera en une suppression de la part régionale de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises et d’un abaissement de leurs impôts fonciers. Cette mesure ne ramènera pas d’ores et déjà notre pays dans la moyenne européenne tant l’écart était significatif (la fiscalité de production supportée par les entreprises tricolores représentait 3,2 % du PIB en 2018 contre moitié moins en zone euro). Mais elle témoigne d’une prise de conscience de ce fardeau, indépendant de la réalisation ou non de bénéfices.

D’autres mesures sont dédiées à la compétitivité, comme celles de soutien aux fonds propres, à l’export et à l’efficacité énergétique, s’inscrivant dans un cadre plus large, où, au final, environ la moitié des 100 milliards sur deux ans du plan présenté début septembre serait fléchée vers les entreprises.